Nature

La projet d’extension d’une porcherie met-il en péril la grotte de Foissac et Arthur, son squelette emblématique ?

Alain du Fayet de La Tour, responsable du site paléontologique de la grotte de Foissac, ne digère pas les résultats d’une étude hydrogéologique conduite dans le cadre d’une extension d’une porcherie dite de «La Sanguinette». Ce projet d’extension est destiné à faire passer la capacité de la porcherie de 1 170 autorisées à 2996 places, pour 8000 porcs par an, soit une quantité de lisier à épandre de plus de 4 000 m3.

foissac-porcSelon Alain du Fayet de la Tour, l’étude occulte complètement toute la pollution du réseau hydrologique souterrain et de l’écosystème en général sans oublier les écoulements pour les communes en aval. A commencer par Balaguier d’Olt. «Je suis désolé pour les éleveurs qui ont déboursé 20 000 € pour cette étude mais je ne peux pas accepter que l’enquête publique se fonde sur cette étude» explique-t-il pour motiver sa demande d’une nouvelle étude.
L’enquête publique se concluait le 27 septembre. La balle va passer dans le camp du préfet. Même si la FDSEA pèse de tout son poids pour appuyer le dossier et que la commune de Foissac a approuvé le projet, il sera difficile au préfet d’ignorer les avis des spécialistes mobilisés autour de la sauvegarde de la grotte de Foissac.

Les opposants au projet avancent que l’acidité du lisier mélangé à l’eau entraînera à terme la dissolution intégrale des quarante-deux squelettes de la Grotte de Foissac qui bénéficient ici d’une conservation exceptionnelle. Alain du Fayet de la Tour n’a pas hésité à alerter les plus grands spécialistes qu’il s’agisse de Michel Lorblanchet, spécialiste en art pariétal, de Jean Clottes, conservateur général du patrimoine, expert mondial à l’Unesco, ou encore d’Alain Mangin, expert en hydrologie. Selon lui tous sont unanimes : l’extension de la porcherie se soldera par la destruction des vestiges chalcolithiques et paléolithiques de la grotte de Foissac. Bref, il faut sauver Arthur. En attendant la décision du préfet une pétition circule.

« Voulons-nous manger de la saucisse aveyronnaise ? «  demande la FDSEA

De son côté, la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), par la voix de Bruno Montourcy , est aussi montée au créneau pour défendre le projet. Selon lui, les pertes liées au bassin d’épandage du lisier ne toucheront pas la source captée de la Diège. «Car toutes les surfaces d’épandage susceptibles d’appartenir au bassin d’alimentation de la source … ont été retirées du plan d’épandage par l’étude hydrogéologique, ainsi que les parcelles de la vallée sèche de Darse».
La FDSEA a également mis l’accent sur le développement local. Selon elle, les porcs de la porcherie seront tués dans les abattoirs du département et ils alimenteront des transformateurs aveyronnais comme Guy Cance à Villeneuve-sur-Lot ou encore le géant de la conserverie, Raynal et Roquelaure, à Capdenac-Gare.
Contrairement au précédent projet d’agrandissement d’une porcherie, cette fois-ci, selon la FDSEA, la création de valeur liée à cette porcherie bénéficiera donc à l’Aveyron.