L’Aveyron n’a pas eu sa belle vitrine dans le hall 1 du Salon de l’Agriculture. Mais les Aveyronnais ont été bien visibles. Que ce soit avec les stands de la Confédération Roquefort, de l’Upra Lacaune ou encore le restaurant Aubrac du tandem Conquet/Jeune Montagne.
Une délégation d’élus et de responsables syndicaux agricoles conduite par le président du Conseil départemental Arnaud Viala a été reçue une heure par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture le 2 mars pour faire le point sur les difficultés rencontrées. En 2022, la département n’a pas échappé à la «triple peine » pour reprendre la formule de Jacques Molières, président de la Chambre d’Agriculture : sécheresse, hausse du coût de l’énergie et hausse du prix de l’aliment bétail ont fragilisé un département principalement dédié à l’élevage.
De fait, avec la chute du prix du lait – et maintenant la hausse de l’aliment bétail- la réduction du cheptel s’est accentuée. De nombreux exploitants ont vendu une partie de leurs bêtes. Entre juillet 2016 et juillet 2022, la baisse en nombre de bovins a été de 12% pour tourner aujourd’hui autour de 440 000.
Certains éleveurs, s’ils le peuvent, se reconvertissent vers les céréales -blé ou maïs- dont les cours n’ont jamais été aussi hauts. Peu probable qu’ils fassent le chemin inverse. « Une vache qui quitte l’étable n’y revient pas.» dit-on souvent dans les milieux agricoles. « Nous avons demandé au ministre de prendre en compte la fragilité de l’élevage » a ainsi souligné Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA de l’Aveyron à l’issue de la réunion. Par exemple par des mesures d’incitations fiscales pour les cédants d’exploitations.
Car le nombre d’exploitations diminue également. Si les Jeunes Agriculteurs relèvent une dynamique positive en Aveyron avec 157 installations en 2022, 34% des exploitations ne sont pas reprises. Et ce phénomène ne touche pas uniquement les exploitations laitières à la peine mais aussi celles œuvrant dans des filières performantes comme en témoignait Alice Greffeuille, une des responsables d’Aprovia à propos de la filière de l’agneau Allaiton dans un article paru dans le Monde du 4 mars.
Autre point noir aveyronnais abordé avec le ministre : la prédation. Loups, vautours, sangliers, rats taupiers … chacune de ces espèces complique le quotidien des éleveurs. « On n’est pas contre la biodiversité mais ces animaux ne doivent pas ôter de la capacité économique…Chacun doit rester à sa place. » explique-t-on en substance à la FDSEA. Avis aux loups et aux vautours !
Et puis il y a le réchauffement climatique dont l’été sec 2022 a pu donner une idée . Pour la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs, la transition agro-écologique semble se limiter à la création de réserves d’eau en hiver en créant quand c’est possible des retenues de moins de 50 000 m3 telles qu’encouragées par la chambre d’agriculture. Exit pour l’instant les réflexions sur le recours à de nouvelles variétés de fourrage telles que le sorgho moins gourmand en eau que le maïs.
Le risque de terres uniquement dédiées à produire de l’énergie solaire ?
Le développement de l’agrivoltaïsme, cette façon de combiner exploitation agricole et panneaux solaires au-dessus des champs et prairies fait peser un double risque à la fois sur le plan paysager comme sur celui d’une accélération de la désertification ainsi que le redoutent certains observateurs. « Le sujet est à nos portes » assure Arnaud Viala. « Avant de couvrir les prairies de panneaux, on pourrait déjà recouvrir les toits existants ? » explique en substance le député du Sud Aveyron ( LREM) Jean-François Rousset.
Un Stand pour l’Aveyron en 2024 ?
Le Salon 2023 a été marqué par la fin du stand de l’Aveyron dans le Hall1 qui offrait au département une très forte visibilité auprès du grand public. Depuis ces dernières années, Comexposium qui gère le Salon demande à l’Aveyron de rejoindre le Hall des Régions. Les négociations ont été jusqu’à la rupture du fait aussi des tarifs jugés inadmissibles. Sans oublier le paradoxe de voir McDo ou Lidl autorisés dans le Hall 1 mais pas l’Aveyron. Comme nous l’a expliqué Arnaud Viala, « il faut repenser la présence de l’Aveyron et le salon de l’agriculture avec tous les acteurs. » Sera-t-il dans le Hall 1 en 2024 ?