Ça y est. L’Aubrac a été classé Parc naturel régional par décret du Premier ministre le 23 mai, c’est le 53ème PNR de France. Deux jours plus tard, au buron de Born de Marchastel (Lozère), les élus ont signé le document de création du Parc Naturel Régional de l’Aubrac. Et tout l’Aubrac a fêté la reconnaissance de ce territoire d’exception lors d’une « nuit des burons ».
Pour André Valadier, président du Parc et fondateur de la coopérative Jeune Montagne, c’est l’achèvement d’un demi-siècle de travail. Il demeure l’un des rares hommes du monde occidental à avoir fait la preuve que même un territoire de montagne rude comme l’Aubrac pouvait connaître un développement harmonieux autour de la valorisation des produits issus de l’artisanat et d’une agriculture traditionnelle.
En plein âge d’or de l’agriculture productiviste, dans les années 60 et 70, quand l’élevage laitier s’incarnait dans la race Prim’Hosltein, lui et ses compagnons n’ont pu se résoudre à la disparition de leurs vaches Aubrac, fussent-elles moins productives. Car depuis des siècles elles s’étaient révélées capables de répondre aux contraintes de leur territoire en termes de vêlages – y compris lors des estives- et être à l’origine de produits savoureux comme le fromage de laguiole AOC au lait cru et l’aligot.
Le développement de Jeune Montagne a fédéré d’autres initiatives : revival du couteau de Laguiole, renforcement d’une filière viande race Aubrac ou encore le développement d’une haute gastronomie avec le restaurant de Michel Bras, longtemps trois fois étoilés.
«Il s’agit que nos jeunes ne se laissent pas aller et continuent d’aller à Paris défendre l’Aubrac» prévient Bernard Bastide, propriétaire du buron de Born et membre actif depuis quelques décennies de cette sorte de « Pack Aubrac»qui n’a cessé de pousser en faveur de cette reconnaissance. Avec son compère, André Bras – frère de Michel , NDLR-, ils avaient d’ailleurs en leurs temps participé à la création d’une « Zone nordique Aubrac, » devenue Espace Aubrac. Il espère que ce PNR pourra appuyer sur les collectivités pour trouver des financements sur des projets utiles au pays. A condition, bien sûr, que tous jouent collectif.
Le PNR articule sa charte principalement autour de 3 axes : préserver le patrimoine naturel, maintenir les populations sur place et renforcer l’identité Aubrac. Il est porteur d’une litanie de projets en tourisme, développement agricole, et bien entendu, sur l’environnement. Sur ce dernier point, EDF a passé des accords de partenariats, façon de se positionner pour le jour où la mise en concurrence de l’exploitation des barrages de la Truyère entrera dans les faits.
Demeure le cas de l’éolien. Sur un plateau balayé par les vents à 1000 m d’altitude, certains y pensent, d’autres le redoutent. Il y a plus de dix ans, André Valadier avait posé comme principe son exclusion au nom de l’intégrité des paysages. « Il n’y en a aura pas» assure Bernard Bastide «d’autant que d’autres projets notamment pour la méthanisation des lisiers agricoles ou le solaire pourraient être initiés par leur Parc». Malgré tout, c’est peut-être le moment de souhaiter bon vent au PNR.
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »20″ bg_color= »#000000″ txt_color= »#ffffff »]Pour l’insertion des patates sur l’Aubrac !
L’un des principaux écueils que rencontra André Valadier fut l’impossibilité de faire reconnaître en IGP, l’aligot de l’Aubrac. Faute de pommes de terres cultivées sur place. Un groupe de paysans est en train de reprendre le flambeau pour étudier à nouveau la possibilité de faire pousser des patates de façon rentables sur le plateau et peut-être un jour d’avoir ainsi la possibilité de relancer une demande d’IGP. Affaire à suivre.
En savoir plus sur la précédente demande de l’IGP Aligot[/mks_pullquote]
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En savoir plus sur le site du PNR :www.projet-pnr-aubrac.fr/