Artisanat - Industrie

L’Occitanie défend le couteau de Laguiole made in Laguiole

 «Je garderai le couteau entre les dents. Et je ne lâcherai pas. Car la cause est juste ». Ce n’est pas du Clint Eastwood dans un western de Sergio Leone mais du Carole Delga lors d’un point presse durant le Salon de l’Agriculture qui réagissait à propos des deux demandes concurrentes d’une Indication Géographique couteau Laguiole. 


Depuis le 21 janvier, l’INPI instruit l’enquête publique sur la demande d’IG des Couteliers Thiernois réunis au sein de l’association du Couteau de Laguiole Aubrac Auvergne (CLAA). «Le dossier porte sur un périmètre très large qui inclut Thiers et Laguiole. C’est une vision « techno » portée par l’INPI qui considère que c’est plus simple d’avoir deux zones géographiques.» explique Carole Delga. «Cette approche (en deux zones-NDLR) est plus simple  mais  elle est trompeuse pour le consommateur. D’autant que les techniques de fabrication ne sont pas les mêmes entre les deux bassins ».

La région Occitanie n’a pas manqué de faire connaître sa préférence en publiant des encarts publicitaires dans bien des quotidiens régionaux et nationaux en janvier dernier pour défendre un laguiole fait à Laguiole. De quoi mettre un peu de baume au coeur des couteliers laguiolais qui ont déposé une demande fin 2020 et n’ont pas eu gain de cause. L’INPI les jugeant peu représentatifs et plaidant pour une extension de la zone leur a demandé en septembre des éclaircissements. Elle devrait se prononcer sur leur copie retouchée dans moins d’un mois. 

Quant au dossier de Thiers que l’on peut consulter sur le site de l’INPI,  il semble tenir la route sur le plan historique. Et notamment sur tous les liens de sous-traitance entre Thiers et Laguiole. En revanche, il semble plus vague – ou moins exigeant ?- sur les techniques de fabrication du futur laguiole IG qui devrait rester un produit artisanal. Il faudrait un véritable audit pour expertiser les chiffres avancés par les Thiernois  – 45 coutelleries de Thiers produisent des « Laguiole » avec 400 salariés pour un montant de 43 millions d’euros. Incluent-ils la fabrication des « laguiole micacol » – ces faux laguiole à petites dents souvent offerts en cadeaux d’abonnement ou de CE et qui ne rentrent pas du tout dans le cadre du Laguiole IG ? 


Si aucun accord n’est trouvé, l’INPI rejettera les deux demandes. Les couteliers Laguiolais pourront alors saisir la Cour d’Appel qui sera peut-être plus sensible à leur argumentation. L’INPI – et c’est normal- a l’esprit de marque. Elle est moins familière à la géographie qui façonne les hommes et forge les âmes…et parfois les lames.