Une âme de bois dans un corps d’Or : la statue reliquaire
Encore fallait-il mettre en valeur la relique. Le crâne de Sainte-Foy fut alors placé dans un reliquaire. La fonction d’un reliquaire est d’en mettre littéralement plein la vue aux croyants.
Ainsi l’or n’est pas dans le coffre il est sur le coffre comme avec la Majesté de Conques. Sa forme est très éloignée de la présentation de la Sainte par un artiste rouergat du XIVème siècle. Gracieuse, elle apparaît avec sa palme, symbole des martyrs et les outils du supplice, le grill et le glaive (voir illustration).
Or cette jeune sainte ne ressemble pas à ce mutant qu’est la statue reliquaire avec son corps difforme évoquant un nanisme. Cette drôle de tête n’est pas celle d’une jeune fille mais celle d’une statue d’empereur romain à qui on a enlevé la couronne de lauriers, et que l’on a emmanchée sur une âme de bois d’If. Le bois sera ensuite doré et recouvert de pierres au fil du temps. Il y a aussi des camées qui représentent l’empereur Caracalla.
-Le reliquaire, un « trésor démocratique » Rouergat
«La statue est bien chez de nous, nous l’avons fabriqué et sauvé. Une véritable ferveur aveyronnaise a accompagné la majesté tout au long des siècles.» explique Mme Delmas, archiviste de Rodez. «Car c’est bien grâce à la complicité et la piété des Aveyronnais envers leur Majesté que celle-ci a pu traverser les siècles et parvenir indemne jusqu’à aujourd’hui. » La Majesté n’a en effet pas connu le sort réservé par les révolutionnaires aux autres reliquaires devenus biens nationaux. Les citoyens les faisaient tout simplement fondre. Les paysans de Conques cachèrent leurs trésors dans un mur et n’en touchèrent mot aux étrangers. Jusqu’à l’arrivée à Conques de Prosper Mérimée en 1837 dans son œuvre d’inventaire. Il fut saisi d’admiration. Ce furent d’ailleurs parmi les premiers objets classés à l’Inventaire des monuments historiques.
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