L’explosion du “reliques business” en l’an 1000
Une bonne relique joue le rôle d’aimant pour une église ou un monastère qui va alors attirer fidèles, étendre ses domaines et augmenter ses revenus. Le « marché de la relique » explose littéralement après les Croisades quand on ramène de présumés bouts de croix du Christ, de suaires, des crânes de Saint-Jean Baptiste. Pas de quoi se moquer de nos ancêtres, car que ne feraient certains aujourd’hui pour décrocher un bout de T-shirt de Johnny.
Vers 1100, le “reliques business” vire au trafic avec ses intermédiaires louches. Tout cela fait penser à la concurrence entre les clubs de foot européens avec le marché des joueurs et ses intermédiaires douteux.
Ainsi Conques ne s’est pas contenté pas du crâne de Foy. Il va accumuler une cinquantaine de reliques, allant du prépuce du Christ obtenu après la circoncision de Jésus, à des gouttes de sang, ou des fragments de la “vraie croix”…«Avec tous les morceaux de croix du christ en circulation en Europe, il y aurait de quoi bâtir une charpente» s’esclaffe Robert Taussat.
Pour répondre au Crâne de Sainte-Foy, Rodez sort un soulier de la vierge.
Grâce à Sainte-Foy, l’abbaye a rencontré le succès –et la prospérité- en attirant les pèlerins en route vers Saint-Jacques qui, peu à peu, se détourneront du passage par Rocamadour. Mais Conques sera victime du même stratagème. Deux siècles plus tard une partie du flot des pèlerins après le passage de l’Aubrac obliquera vers Espalion et Bozouls. Direction : la cathédrale de Rodez pour y admirer un prétendu “soulier de la vierge”. Cette relique deviendra l’une des plus célèbres de la Cathédrale. Ce soulier, encore détenu dans le presbytère, sera exhibé durant des siècles dans la Chapelle du Soulier de la Vierge. «Au XIX eme, le soulier expertisé se révèlera être une vulgaire babouche marocaine» poursuit Robert Taussat. A contrario du crâne du reliquaire de Conques dont l’analyse conclura comme étant celui d’une très jeune fille ayant vécu au IVe siècle.