pays ruthénois

L’affaire du Palais Episcopal de Rodez

Le Palais Episcopal de Rodez n’a pas fini de faire parler de lui ! Le Conseil départemental, propriétaire du monument, croyait avoir trouvé une solution économique pour le contribuable en la personne de Mathias Echène.  Cet Aveyronnais d’origine, ancien trader devenu investisseur hôtelier en Indonésie, s’était proposé de transformer le Palais en hôtel de luxe et de surfer sur la vague d’attraction créée par le Musée Soulages.

En décembre 2016, l’homme signe une promesse de bail à construction de 50 ans avec le Conseil général dirigé à l’époque par Jean-Claude Luche. Ce dernier explique aux contribuables Aveyronnais que le Palais leur coûte  environ 200 000 €/an d’entretien et qu’il a trouvé la bonne solution. Christian Teyssèdre, l’édile ruthénois ne cache pas non plus son enthousiasme pour le projet. Contre un loyer de 25 000 € par an, Mathias Echène promet d’investir 5 M€ pour financer une trentaine de chambres dont quatre suites de niveau cinq étoiles, un restaurant gastronomique de 60 couverts avec le chef étoilé ruthénois Jean-Luc Fau aux fourneaux, une brasserie de 120 couverts, une terrasse sur les remparts, un espace d’arts religieux, un spa ainsi qu’une piscine couverte. Catherine Painvin, qui a relancé le village d’Aubrac avec ses yourtes et ses chambres d’hôtes de VIP, est pressentie pour la déco. Le projet est baptisé « Le E ».

Jean-Claude Luche remettant la clé du Palais à Mathias Echène – image tirée de la vidéo de la page FaceBook de Mathias Echène

Selon la convention signée, Mathias Echène devait transformer la promesse  à condition qu’il produise avant le 24 août dernier deux documents : un permis de construire et une autorisation de changement d’affectation. Aucun n’ayant été fourni, le 8 septembre, Jean-François Gaillard, président du Conseil départemental déclare caduque la promesse de bail. Il attend que Mathias Echène lui remette la clé du Palais. Cela risque d’être difficile puisqu’il serait en Indonésie … privé de passeport. Les autorités indonésiennes lui reprochent dit-on des irrégularités dans la vente de ses hôtels quand il aurait voulu rapatrier ses fonds. Mathias Echène, quant à lui,  évoque un différend avec ses associés hong-kongais.

De fait, le mandat d’Interpol dont il fait l’objet, rendu public début septembre, a fait l’effet d’une bombinette sur l’oppidum ruthénois. Jean-Claude Luche et son équipe ne se seraient-ils pas fourvoyés avec un « margoulin » ?  En fait, l’origine du mandat d’Interpol est basé sur un différend fiscal. Au Conseil départemental on s’en serait bien passé. « Nous avions vérifié l’origine de ses fonds mais nous aurions bien aimé qu’il nous dise la vérité à propos de ses déboires fiscaux.» explique-t-on dans l’entourage de Jean-François Gaillard.

Depuis la déclaration de caducité, Mathias Echène a menacé d’un recours en justice et de dommages intérêts pour les frais déjà engagés qu’il estime à 500 000 €. Il a également réclamé un sursis jusqu’au 30 novembre pour produire un permis de construire …

«Qu’il nous menace, c’est dans l’ordre des choses explique-ton au Conseil. Mais le dossier a été bien verrouillé au point de vue juridique et l’une des clauses prévoit justement une renonciation à des dommages-intérêts. » Soit. Mais avec les avocats et la justice, peut-on vraiment toujours savoir où l’on va ?

Reste la question de l’avenir du Palais. Toutes les options restent ouvertes. Sans doute, pourrait-on s’orienter vers un appel à projet avec une mise en concurrence transparente des projets. Reste à savoir de quel type ?

 

D’autres projets de rénovation tombés à l’eau…

Ce n’est pas la première fois que des grands projets de rénovation firent couler beaucoup d’encore en Aveyron. On se souvient du projet de rénovation du Royal Aubrac par un homme d’affaires du sud. Il y  eut aussi également le coup de cœur de Jean-Louis Costes et Jacques Garcia pour le Château d’Estaing finalement repris par Valéry Giscard d’Estaing. Ou plus récemment d’un Maître de Chapelle qui souhaitait lancer une souscription pour la rénovation l’abbaye de Bonnecombe sans avoir demandé l’autorisation à son propriétaire, l’évêché de Rodez, qui visiblement n’était pas du tout sur la même longueur d’ondes.