On va peut-être les regarder d’un autre œil ces monuments aux morts de nos villages…
Roger Béteille, le géographe devenu romancier, n’a pas manqué de rendre aussi hommage à sa façon aux poilus aveyronnais. Mais c’est de leur retour au pays que traite son roman « Le Chien de nuit ». Et de tous les bouleversements qu’a connu la société aveyronnaise après 1918.Sur le plan visuel, les campagnes aveyronnaises se sont soudain parsemées de points noirs. Les robes des veuves et des mères.
Roger Béteille nous explique à quel point le premier conflit mondial a bouleversé l’Aveyron.
(Interview donnée le 14 mars 2014)
En quoi l’Aveyron a-t-il été plus marqué que d’autres départements par la Guerre de 14 ?
Il y a d’abord eu le général de Castelnau, commandant d’armée et chef d’état-major du général Joffre durant la Première Guerre mondiale. Ce natif de Saint-Affrique a été une fierté partagée, à l’époque, par tous les Aveyronnais.
Mais évidemment, ce qui caractérise l’Aveyron pendant le premier conflit mondial, c’est l’hécatombe qui le frappe. Ses 15 000 tués. Dans certains cantons, cela représente jusqu’à 10% de la population.
Pourquoi autant ?
Les jeunes Aveyronnais ont été principalement des bifins (fantassins). Paysans des campagnes en grande majorité, ils étaient versés par les bureaux de recrutements méridionaux de Montpellier ou de Béziers dans l’infanterie. Car ils n’avaient pas d’instruction ni de qualifications, qui leur auraient permis, comme d’autres, d’être mutés dans l’artillerie ou d’autres corps moins exposés.
Le chien de nuit
Roger Béteille
La trame de cette histoire se déploie dans le décor grandiose du Causse Noir cher à Roger Béteille. Décembre 1918, Amat, un brancardier démobilisé, regagne sa ferme natale du Causse Noir en compagnie du chien de guerre qu’il a obtenu de garder avec lui.
Son apparence saine est trompeuse. Ses poumons sont rongés par les gaz. Il croit retrouver le monde d’avant. Mais même en Aveyron, il va éprouver les changements profonds apportés par la guerre. Il voit les fermes des mutilés rachetées par des vautours. La jeune fille qu’il fréquentait jadis rompt avec lui quand elle découvre le mal qui ronge. Et Amat est obligé d’en passer par un marieur…
Rouergue éditeur
20€
Lire la suite de l’interview