Foule dans les Salons de l’Aveyron le 23 novembre. À l’initiative de sa commission culturelle, la Fédération des Amicales accueillait Valéry Giscard d’Estaing, propriétaire du château d’Estaing. L’ancien Président de la République a déroulé une page d’histoire de France à travers la dynastie des Estaing, une famille du Rouergue et une famille française. Une famille qui s’est illustrée à toutes les époques de l’histoire de France depuis Bouvines et les Croisades jusqu’à l’indépendance américaine. Il a un peu détaillé ses projets de mécénat privé de ce lieu dont il veut faire «un lieu de mémoire et d’identité française ». Bref, il a offert à l’auditoire amicaliste réuni pour le Téléthon une belle page d’histoire. Pas radins, les contribuables aveyronnais eux, lui ont offert, par le biais du Conseil général, 25 265 € pour retaper son château déjà largement retapé…
Haut les cœurs, les Rouergats ! Le Sénéchal du Rouergue décrète la renaissance.
C’est Jean Puech, président du Conseil général qui a accueilli l’ancien Président de la République par un discours sur la Renaissance du Rouergue… «La population globale de l’Aveyron progresse. Ce que nous n’avions jamais connu…Sur 100 Aveyronnais, il y a 13 nouveaux Aveyronnais. On doit avoir une autre approche du développement local, c’est la dynamique que nous devons gérer alors que jusqu’à présent on gérait le déclin.»
Au bout de trente ans de pouvoir, le Sénéchal du Rouergue, pour reprendre le mot de Valéry Giscard d’Estaing, a gardé tout son flair. Puisqu’il sent souffler le vent nouveau de la renaissance.
Comment jouer les cassandres après une telle envolée ? Et pourtant, l’avenir promet-il d’être si rose ? Si le viaduc génère des visites, reste à savoir si l’effet sera transformé sur le long terme. Dans le nord du département, certaines entreprises aveyronnaises autrefois rayonnantes sont aujourd’hui en grave difficulté telles Drimmer ou les Cuisines Combettes. Pour d’autres la mondialisation fait peser des inquiétudes. C’est le cas de Bosch, principal employeur du Ruthénois. On rappellera l’amertume de certains Laguiolais. Ils ne comprennent pas qu’on leur refuse 200 000 € pour la survie de leur station de ski qui fait venir du monde en Aveyron alors qu’on a bien dépensé près de 13 millions d’euros dans Micropolis. Un tonneau des Danaïdes qu’il faut chaque année renflouer. Et faut-il parler du scepticisme de bien des Aveyronnais en général devant des opérations de communication. Les logos et autres “grands“ projets type Aveyron 2011 s’apparentent pour beaucoup à des opérations d’esbroufe plus rentables pour les consultants que pour l’intérêt général. Serait-ce une faute de goût à ce sujet de rappeler la dette de la France ou la pression fiscale ?
Et doit-on citer enfin les lendemains douloureux que promettent la remise en cause de la PAC, qui risque, si aucune remise en cause du mode de production n’est préparée, de s’avérer dévastatrice pour certains coins du Rouergue.
On a donc un peu de mal à avaler la Renaissance. Et pourtant l’avenir pourrait être amusant et passionnant si l’on se décidait à changer. Malheureusement en France l’exemple vient de plus en plus rarement du haut.