Economie et Politique

Gare au loup en Aveyron.

Vous êtes parisienne d’origine, écologiste affirmée, n’y a-t-il pas une contradiction entre vos convictions originelles et votre attitude à l’égard du loup qui est un symbole de la faune sauvage ?
Un paradoxe, plutôt. Je suis écolo. J’ai quitté Paris à 18 ans pour m’installer à la campagne, j’en avais marre du béton. Je peux donc  comprendre les revendications des écologistes pro-loup. Mais il faut avoir été confronté à la pratique de l’élevage pour comprendre le préjudice que cause le loup.

Brebis Lacaune attaquée par un loup

Effectivement, il n’y a pas plus protecteur de l’environnement que l’agropastoralisme en termes de paysage et de renouvellement des ressources. C’est ainsi depuis 8000 ans et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Unesco a classé le périmètre Causses-et-Cévennes.
Les pro-loups font partie d’une frange minoritaire qui a une forte influence au ministère de l’Ecologie.  Autrefois, il y avait aussi des loups mais on avait le droit de les tuer. Si nos ancêtres s’en sont débarrassés, ce n’est pas pour rien. Le problème majeur de perte de biodiversité en France, ce n’est pas l’absence de loup mais l’artificialisation des terres qui a un impact sur l’écologie.

 

Vous avez du mal à convaincre les éleveurs bovins du côté de l’Aubrac?
Certains éleveurs n’osent pas parler de la prédation qu’ils subissent, car ils ne pensaient pas que des loups pouvaient s’attaquer aux bovins. Aujourd’hui, ce sont surtout les veaux qui sont attaqués mais en meute rien n’arrête les loups, pouvant provoquer des dégâts uniquement par la panique comme on le voit dans les Alpes. Il est important que les éleveurs communiquent sur ces actes de prédation pour pouvoir alerter les autres.


Les « cornes d’Aubrac » contre les loups de Sibérie et les ours causasiens.

En évoquant les« cornes » des vaches aubrac leur permettant de se défendre contre les loups, André Valadier aurait, selon certains, fait montre d’un manque de solidarité avec les éleveurs ovins et sous-estimé les risques du loup sur l’Aubrac. L’initiateur du futur Parc Naturel Régional d’Aubrac, préfère mettre un point final à la polémique.

En revanche, interrogé durant le salon de l’Agriculture le jour du concours de la race Aubrac, André Valadier n’était pas peu fier de rappeler un instinct défensif peu commun des vaches Aubrac. Et de souligner la réputation de la race Aubrac en Sibérie et dans le Caucase chez les professionnels russes de l’élevage qui saluent l’aptitude des bêtes à se défendre face au loup et même à l’ours.  Un critère de choix déterminant dans la steppe.