Agriculture

Un petit décollage pour le bio en Aveyron

2,5% des surfaces agricoles bio en Aveyron contre 1,5% pour la moyenne française. Beaucoup ? En fait, cela concerne 200 exploitations sur 10 700 … Jusqu’en 2001, le bio en Aveyron c’était avant tout la brebis laitière. Pour 2002, ce devrait être le bovin viande.
Le lait de vache bio en Aveyron devrait également prendre de l’ampleur grâce aux circuits de ramassage spécifiques mis en place par les grandes laiteries.Un lait destiné à la consommation directe et qui est vendu 25% plus cher que le lait ordinaire.

ab
Pour obtenir le label AB (Agriculture Biologique), l’exploitation ne doit pas recourir aux produits chimiques tant pour la fertilisation que pour le désherbage. Au moins 40% de l’alimentation du bétail doit être produite en bio sur le sol même de l’exploitation. « Sur ce plan, relève, Philippe Barthas, le Monsieur Bio de la Chambre d’Agriculture, l’Aveyron est bien placé puisqu’il s’y pratique plus qu’ailleurs polyculture et élevage. Et l’alternance entre fourrage et céréales aboutit à un meilleur équilibre des sols.
Ce qui permet de lutter contre les pratiques de désherbages. » De fait le fumier produit à partir des déjections des animaux fertilise les céréales, à condition d’être bien réparti sur les surfaces. C’est tout le cercle vertueux du bio…
Une association des éleveurs bio aveyronnais s’est récemment créée.
Présidée par un éleveur de l’Aubrac elle a pour but de commercialiser la viande bio aveyronnaise notamment auprès des grandes surfaces et des bouchers parisiens.
Ces derniers, dit-on, pourraient être intéressés par ce type de produits..

Du flou dans la lisibilité du Bio face aux autres filières…
Amusez-vous à trouver par exemple de la viande Bio dans un supermarché ! Si le bio bénéficie d’un apriori très favorable dans l’opinion publique, il n’en demeure pas moins que sa mise en valeur n’a rien d’évident lorsqu’on l’accole à d’autres filières de qualité. Surtout pour la viande.
L’étiquette bio ne se cumule pas avec ces appellations prestigieuses type Label rouge Boeuf fermier Aubrac ou Veau du Ségala. Plus fort, le Veau d’Aveyron du fait de son alimentation ne peut pas prétendre au label bio. Il en va de même pour le Roquefort.

Le porc bio aveyronnais n’est pas pour demain.
Se nourrissant exclusivement de céréales et nécessitant de ce fait, d’importantes surfaces cultivées, faire du bio pour l’éleveur porcin, c’est prendre le risque de se retrouver à terme en déséquilibre financier avec un prix de revient supérieur au prix du marché …

Le productivisme, voilà l’ennemi du bio ! Quoiqu’on en dise, le syndrome du productivisme fait encore des ravages en Rouergue et ailleurs. Malgré les quotas, le toujours plus, de lait, de têtes demeure l’objectif. Un seul chiffre tiré du recensement suffit pour s’en convaincre. Entre 1998 et 2000 , le nombre de brebis laitières serait passé de 485 500 à 562 900. Presque 9%/an. Imaginez la planète terre si le taux d’accroissement de la population humaine atteignait les mêmes scores ! Bref, le bio qui vise à un développement durable et raisonné devra encore convaincre les principaux acteurs pour l’emporter.

Roquefort Bio : Papillon y croit plus que Société !

Parmi les producteurs de Roquefort, c’est Papillon qui brandit depuis longtemps l’étendard bio.
Dès les années 70, cette maison s’était lancée dans l’agrobiologie avec des producteurs néo-ruraux. Depuis, elle n’a cessé de capitaliser sur cette expérience.

Aujourd’hui, 10% de sa production est labellisée bio, soit environ 200 tonnes.
Et la consommation de Papillon Bio connaît une croissance annuelle de 20%. Mais pas facile de communiquer sur le bio : «Il y a un effet pernicieux pour le consommateur qui découvre le roquefort Bio. Cela le conduit à s’interroger sur la nature du Roquefort normal. Autant on peut concevoir qu’un camembert soit bio en comparaison de celui qui est produit dans les usines, autant l’image du Roquefort travaillée par cinquante ans de publicités vantant nature et grand espace décline implicitement le bio. » explique un responsable de Papillon. Alors faire du bio, c’est avouer que l’autre, le normal intégrerait quelques éléments chimiques et qu’il n’est pas si naturel. Sacrilège !
Qu’importe, chez Papillon on affirme vouloir aller plus loin sur la voie du bio.

«A chaque épisode d’ESB, nos ventes de Bio ont crû de 40 à 50%. D’ailleurs depuis 1995, où le spectre de l’ESB est apparu dans les médias, la production est passée de 20 à 200 tonnes.» Une vingtaine de producteurs travaillent sans ensilage, sans engrais chimiques, avec des bergeries plus aérées etc.«Ils ne sont pas encore assez nombreux. »

Société, le géant, quant à lui, ne semble pas décidé à franchir le pas. Même s’il en produit une cinquantaine de tonnes sur 10 000, sa production de bio reste symbolique. Dans la filiale Lactalis, on explique cette tiédeur par une tiédeur du marché lui-même. « Il n’y a que Champion qui nous l’a référencé à la coupe, sinon les crémiers n’en veulent pas.» explique-t-on au service marketing.

N’y-a-t-il pas plutôt la peur de susciter par contrecoup dans l’esprit du consommateur des interrogations sur la nature de produits prestigieux comme le Baragnaudes ?
Le bio est une belle épine dans le pied.