Agriculture

Le scandale Lactalis pourrait-il toucher Société ?

Après la « Bosch de Rodez » exposée au retournement du marché du diesel suite au scandale du « Dieselgate »,  doit-on s’inquiéter des retombées de l’affaire des laits infantiles contaminés de Lactalis sur un autre pôle Aveyronnais, la filière Roquefort ? Sa marque fétiche, Société,  représente 60% de la production du persillé. Soit grosso modo 1500 éleveurs sur les 2000 que compte le « rayon », à savoir le territoire de l’AOP Roquefort.

Le « roi des fromages » pourrait-il devenir une victime collatérale si la perte de confiance venait à toucher d’autres produits de Lactalis ? Ouf, jusqu’à maintenant les marques du numéro 1 mondial, n’ont pas été -trop?- citées dans les médias grand public. Et l’image de Société a été épargnée. Tant mieux, car le Roquefort a déjà perdu 10% de part de marché en 10 ans.

Comme Bongrain ou Bel, Lactalis – ex-Besnier- fait partie de ces groupes agroalimentaires qui cultivent le secret. L’exceptionnelle progression qui l’a conduit au premier rang mondial a pu générer chez ses dirigeants un sentiment de supériorité  souvent mal ressenti à l’extérieur. Ce vertige semble s’être emparé de son patron, Emmanuel Besnier. Il a pu déteindre sur une partie de l’encadrement supérieur du groupe. Ne pas douter, ne pas dialoguer, imposer ses prix, quitte à disparaître des linéaires, dicter sa loi aux politiques qui « vous mangent dans la main » pour des usines et des emplois … peut entraîner un sentiment d’outrecuidance. Las ! au premier coup dur, on vous le fait payer au centuple. C’est le cas aujourd’hui.

 

 

Et puis il y a les éleveurs, le cas de Lactalis n’est pas nouveau.  La FDSEA a régulièrement dénoncé les pressions de Lactalis. En 2006, Jacques Bernat, président du syndicat des éleveurs nous confiait : « ce n’est pas parce que les propriétaires ( Lactalis a repris Société en 1990 – NDLR) ont changé qu’ils peuvent imposer de loin leurs vues.» Douze ans plus tard, la problématique n’a pas fondamentalement changé sur le Combalou.

Reste à espérer pour le sud Aveyron que la crise Lactalis ne soit que passagère et qu’elle pousse le groupe à changer, par exemple en cessant de confondre marques  (Société) et AOC. Au grand dam des consommateurs comme des défenseurs du patrimoine gastronomique français.