Artisanat - Industrie

La Forge de Laguiole est vendue à Bernard Divisia

Fin décembre 2003, on apprenait que la Forge de Laguiole était vendue à Bernard Divisia, un ancien pdg du Groupe spécialisé dans la maroquinerie, Robert Clergerie. Le nouveau venu est soutenu par un pool d’investisseurs régionaux, des fonds d’investissement mais également le Crédit Agricole Quercy Rouergue. La Forge de Laguiole emploie aujourd’hui une centaine de salariés dont l’essentiel dans l’usine de Laguiole. Sa production dépasserait les 200 000 couteaux par an pour un chiffre d’affaires 2002 de 5,7 millions d’euros en baisse de 7%. Un peu plus du quart de sa production serait vendue à l’étranger.

divisia

Pour sa part, Gérard Boissins, fondateur et gérant actuel de la Forge, Millavois de naissance, ne devrait pas tirer un trait sur les produits identitaires de l’Aveyron. Puisqu’il a racheté voilà quelques mois le gantier Millavois, Gant Causse. Avec une nouvelle usine en projet, il devrait appliquer la même stratégie au gant de Millau que celle qu’il a appliquée avec succès pour le couteau. Sauf à oublier que les gants de Millau, sont depuis longtemps un produit de luxe et de haute-couture. De ce fait, ils présentent une vulnérabilité bien plus importante que le couteau du fait de la versatilité liée aux caprices de la mode.

Trois questions à Gérard Boissins, fondateur de la Forge de Laguiole (entretien réalisé le 30 décembre 2003)

Le chiffre d’affaires de Forge de Laguiole semble accuser une baisse ces dernières années ?
Nous avions eu une commande exceptionnelle en 2001, qui explique une baisse les années suivantes. Sinon le CA moyen tourne entre 5 et 5,5 millions d’Euros. Cela dépend des années et des marchés.

Cette vente n’est-elle pas opportune dans la mesure où le “Laguiole made in Laguiole” est de plus en plus concurrencé, notamment par une concurrence asiatique ?
Lorsque nous avons relancé le Laguiole, il y avait eu un appel très fort du marché, et donc la concurrence avait été forte. Aujourd’hui, s’il y a des gens qui pensent pouvoir s’acheter un sac Vuitton à 50€ en Tunisie, ça n’empêche pas la maison-mère de bien marcher et d’être reconnue. Toute comparaison mise à part, nous sommes dans un cas de figure similaire. L’acheteur d’un vrai couteau de Forge de Laguiole ne cherche pas une copie fabriquée en Asie du Sud-Est.

Vous allez désormais pouvoir vous consacrer entièrement à votre projet de développement du gant de Millau ?
Lorsque l’on vend une entreprise comme Forge de Laguiole, le passage de témoin ne se fait pas en un jour. Il faut compter environ un an pour une bonne transition.
Quant au projet de Millau que nous préparons depuis un an, ce que nous souhaitons, c’est développer un vrai savoir-faire millavois, avec une technologie qui nous soit propre. Les fruits de cette stratégie commencent déjà à être visibles.