« Et maintenant que vais-je faire… » Au lendemain de leur manifestation à Paris le 12 janvier, les ex-salariés de la « SAM » (Société Aveyronnaise de Métallurgie) devaient avoir le cœur lourd à murmurer le refrain de Bécaud.
La rencontre de leurs délégués avec le ministre de l’Economie Bruno Le Maire n’a pas changé la donne. L’occupation de la fonderie continue depuis que le tribunal de Commerce de Toulouse a prononcé le 26 novembre la cessation de l’entreprise et sa liquidation.
L’exaspération culmine avec l’impression de s’être fait balader par leur unique client qui a délocalisé ses commandes de pièces alu en Roumanie. Pas question alors que les machines ne quittent l’usine de Viviez.
A plus de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, à un moment où le gouvernement prône la réindustrialisation de la France, la fermeture de la SAM et la perte de ses 330 emplois directs ( trois fois plus induits) font tâche. A fortiori, dans une région sinistrée par cinq décennies de désindustrialisation comme le bassin houiller de Decazeville où 9000 personnes travaillaient encore dans les années cinquante. Les reclassements proposés notamment par Renault, principal donneur d’ordre de la fonderie ne sont pas jugés à la hauteur.
Pourtant, il existe un large consensus pour la revitalisation du bassin de Decazeville. En effet, sur place, le collectif « Tous Ensemble » créé pour la défense de la Maternité de Decazeville et associant syndicalistes de la CGT, associatifs, personnels hospitaliers et élus s’est mobilisé pour cet objectif. Il compte prendre appui sur cet énième coup du sort pour tenter de sortir le “Bassin“ de son image de désespérance. A leurs yeux, seul un plan global avec des actions à différents niveaux – industriels, culturels, sanitaires, urbanistiques – permettra de rendre l’attractivité au bassin et à la ville de Decazeville qui a perdu la moitié de ses habitants depuis les années 80.
Pour l’instant, le « Monsieur sauvetage industriel », Jean-Pierre Floris nommé mi-décembre pour trois mois par le gouvernement a laissé tiède syndicalistes et membres du collectif Tous Ensemble.
«Cette nomination, c’est de la cosmétique. Ici, nous avons malheureusement l’expérience des fermetures. Nous nous souvenons par exemple de Jacques Chérèque en 1987 (avec l’arrêt des Hauts-Fourneaux de Vallourec – NDLR). Nous ne voulons pas d’une mission de pompier mais la mise en place d’un plan global pour amortir le choc qu’il va y avoir avec la fin de la SAM. Il faut du temps, des moyens et de « l’interministériel» afin de mettre en place des moyens coordonnés.» explique Jean-Paul Boyer porte-parole du Collectif « Tous Ensemble ».
En attendant, un nouveau rassemblement devrait se tenir le 22 janvier devant l’usine SAM de Viviez.