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Les vignes des Boisse de Black, Aveyronnais têtus accrochés aux flancs du Larzac

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Les autoroutes ne sont pas un progrès pour tout le monde. Surtout quand leur tracé passe juste sur le domaine viticole familial, inscrit une plaie sur une vigne séculaire et que l’expropriation est au bout du bitume… Cette mésaventure est arrivée à un couple d’Aveyronnais vignerons, Christian et Sabine Boisse de Black, propriétaires de vignes au pied du Larzac à Pégairolles de l’Escalette aujourd’hui traversé par l’A75.

 

C’est le père de Christian, originaire de Bozouls qui, en 1947, avait relancé cette vigne. «Au départ, mon père venait ici avec ma mère pour les vendanges, ça leur faisait des vacances. Très vite, il a vinifié dans sa cave puis il est monté livrer le vin en Aveyron en barriques. » raconte Christian.
En 1995, c’est l’expropriation du Mas Blanc pour faire place à l’A75. Christian refuse l’indemnisation qu’on lui propose. Pas question de changer de vie. Il entend rester vigneron. Il demande qu’on lui trouve une propriété équivalente dans les environs. La Safer leur déniche un petit domaine viticole à Aspiran, près de Clermont-l’Hérault. Une vingtaine d’hectares mais travaillés pour la coopérative. Un système que Christian Boisse de Black a du mal à justifier : «Quelle que soit la qualité du travail fourni, on est payé pareil. »

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Voilà pourquoi le couple préfère maîtriser la production de son vin de Pégairolles de A à Z, de la plantation à la commercialisation en passant par la vinification. Car malgré l’A75, ils n’ont jamais lâché leurs autres arpents des flancs du Larzac. Au contraire, ils croient tellement au potentiel de leurs vignes qu’ils n’ont eu de cesse de replanter en cépages blancs, chardonnay, roussane, muscat.

Et qu’importe si certains coteaux sont plus pentus qu’une piste de ski de Laguiole. Impossible de passer le tracteur autrement qu’en marche arrière pour éviter de se retourner. Il faut en avoir dans les mollets. Rien ne leur a été épargné. Jusqu’aux menaces du gros gibier. Quand les raisins commencent à être mûrs, ils clôturent les vignes d’un fil électrique pour éviter que les sangliers ne se gorgent de grains. «Quand on travaille tous les jours dans la nature, on ne croit plus que la nature est belle. Il faut être là, 365 jours par an. » explique Christian Boisse de Black.
Le Domaine des Montèzes, ce sont 20 ha de sols argilo-calcaires au milieu des garrigues, conduits en culture raisonnée, dont 80 % en appellation Coteaux du Languedoc. Des parcelles plantées en syrah, grenache, carignan, roussane, vermentino et clairette.

Un vigne conduite en raisonné. Juste un peu de désherbant au pied des vignes, pour le reste, Christian Boisse de Black laboure. « Ici entre vent et soleil, il n’y a pas de pression de maladies. Pas besoin d’avoir la main lourde sur les phytosanitaires. Il n’y a jamais eu de gel non plus. » Et paradoxalement, les coteaux situés à 400 mètres d’altitude offrent des vins avec un potentiel de fraîcheur peu banal. A commencer par le blanc du Domaine des Montèzes. Les vendanges, des meilleures parcelles destinées aux bouteilles sont manuelles.
Pour les livraisons, c’est Sabine qui monte dans l’Aveyron toutes les deux semaines avec ses bibs qu’elle livre à des clients parfois fidèles depuis plus de 60 ans. Et depuis 2009, les deux viticulteurs s’attaquent à Paris. En deux ans, ils ont conquis une quinzaine de bistrots aveyronnais sur Paris. Au printemps, le rosé du Domaine des Montèzes fait un carton chez les patrons qui, au-delà du chauvinisme rouergat, ont bien senti le potentiel dévastateur de ce cru aveyronnais du Larzac sur les terrasses ensoleillées de la capitale. « Mais on sert également la Maison des Jésuites» avoue Christian pas peu fier de faire comprendre que les descendants d’Ignace de Loyola ne sont pas du genre à boire de la piquette.

« Il faut se battre pour le terroir ».

Alors que bien des vignerons languedociens succombent aux tentations des vins IGP (Indication Géographique Protégée, ex-vins de pays) permettant des rendements plus élevés, ce n’est pas le cas des époux Boisse de Black. «L’AOC n’a peut-être plus d’intérêt sur le plan économique, mais il faut s’y tenir. Il  faut se battre pour le terroir. Or avec ces vins de cépages IGP, je ne peux pas concurrencer les vins de « Béziers » travaillés « en non-taille », avec une tonne d’engrais chimiques à l’hectare sur un merlot ou un chardonnay. Sinon demain on arrache tout et on laisse les genets pousser. Il y a un gros travail d’explication car les 3/4 des gens focalisent sur les prix. Nous on est à 5, 6 € la bouteille sur des particuliers. Ca paye le travail !» Alors plutôt que de succomber à une picrate de grande surface quand vous filez vers Montpellier, faites une halte chez les Boisse-de-Black.

SONY DSCVive le rosé de Montèzes !

Le Domaine des Montèzes se décline en rouge, blanc et rosé. De plus en plus pour ce dernier. Car il envoûte les yeux et le palais. Un rosé sublime aussi pâle que frais.

Le blanc du Domaine des Montèzes, assemblage de chardonnay, de roussane, de vermentino avec un soupçon de muscat développe un joli potentiel aromatique. Comptez 6 € TTC la bouteille départ cave.

 

 

 

 

 

 

 

Contact :
Sabine et Christian Boisse de Black
Domaine des Montèzes
34800 Aspiran
mail :montezes@orange.fr
tél : 06 22 08 46 59

En savoir plus sur le site du Domaine des Montèzes