Roquefort, la plus ancienne AOP de France, a pris la tête d’un mouvement visant à obtenir l’exemption des produits sous signe de qualité d’un système d’étiquetage nutritionnel (du A en vert au E en rouge) type Nutri-score qui pourrait devenir obligatoire en Europe.
C’était l’objet de la table ronde organisée le 2 mars sur le stand de l’Aveyron au Salon de l’Agriculture. Avec :
• Anthony Soulié, éleveur, producteur de lait pour Roquefort
• Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération de Roquefort
• Arnaud Viala, Président du Département de l’Aveyron
• Eric Andrieu, Député européen
• Philippe Legrand, Professeur et Directeur du laboratoire de Biochimie / Nutrition humaine à l’INSERM.
Synthèse des interventions
«Si on a une note rouge, nous n’irons plus vers le public avec la même fierté. Je me sentirai coupable alors que notre produit est sain.»
Anthony Soulié
«Notre force, c’est de concevoir l’exception. Tous les élus aveyronnais souhaitent obtenir l’exemption de la plus ancienne AOP de France. La grande distribution habitue le consommateur au Nutri-score, voilà pourquoi il faut qu’on se dépêche avant qu’un étiquetage -plus ou moins inspiré du Nutri-score français- ne devienne obligatoire en Europe.
Arnaud Viala
«Je suis favorable au Nutri-score. Mais il a d’abord été conçu pour les produits ultra-transformés. Il ne devrait pas s’appliquer aux produits mono-ingrédient comme les produits laitiers. Il faut donc l’adapter, c’est pour cela que je plaide l’exception. Il faut améliorer l’outil et bien faire la distinction entre l’industrie de la transformation et les filières agricoles.»
Paul Andrieu
«Le Nutri-score a le mérite d’exister mais avec le recul il est un peu daté car trop simple. Son approche des lipides – graisses- est négative. Car on doit répondre aux besoins de la population en omega3 qui ont un rôle bénéfique sur les maladies cardiovasculaires et le vieillissement. Une telle haine des huiles, ce n’est pas possible (par exemple l’huile d’olive). Il faut donc sortir les aliments simples -pain, lait, fromage et huile. Mais il faut reconnaître qu’éduquer sur la quantité dans étiquetage n’est pas facile. Et puis il faut être vigilant face aux produits moléculaires. Car aujourd’hui, on peut parfaitement produire un roquefort sans lait. »
Philippe Legrand