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Internet haut Débit : L’Aveyron à la traîne

Jacques Godfrain, député du Sud Aveyron,  tire la sonnette d’alarme :
“Pour les crypto-administrations, l’aménagement du territoire c’est toujours la faute de l’autre.“

Quelles sont les conséquences de la pénurie de haut-débit numérique dans l’Aveyron rural ?

« 
Tous les efforts fournis durant les années 70 et 80 afin de désenclaver les bourgs et d’attirer des entreprises de nouvelles technologies sont mises à mal actuellement du fait de l’absence de transmissions modernes. Je suis très inquiet, car non seulement, il ne vient plus d’entreprises, mais celles qui se sont implantées songent à repartir. 
Les responsables d’une entreprise de Saint-Sernin -qui a été bien désenclavée sur le plan routier- m’expliquaient récemment qu’ils perdaient des marchés parce qu’ils ne pouvaient répondre à des appels d’offres. 
De même, les responsables d’une entreprise d’Arvieu, spécialisée dans la conception de logiciels, m’ont expliqué expliqué qu’elle devrait peut-être déménager à Rodez ou Albi. »

Vous tirez donc la sonnette d’alarme ?

« Je dirais même la corne de Brune. L’économie rurale risque d’en prendre un coup. Et ce problème du haut-débit ne concerne pas que les entreprises de haute technologie mais bien tout le monde. Ainsi les agriculteurs, par exemple. Ils ont besoin de transmissions avec les banques de données agricoles pour connaître les prix du marché. Ainsi, ce qui a donné un coup de pouce durant les années soixante-dix aux agriculteurs performants c’est le minitel parce qu’ils ont eu accès à des données de prix. Ils ont pu comparer les prix et commander par exemple au meilleur tarif les aliments pour le bétail et ainsi baisser leurs coûts ».

Que pensez-vous de l’intervention des collectivités locales, non seulement en tant que poseur de câbles mais plutôt en tant qu’opérateur, comme le suggère un amendement déposé par des parlementaires sur le projet de loi relatif au numérique ? 


« On demande aux collectivités locales les mêmes efforts qu’elles ont fait pour l’équipement en téléphone ou en relais TV pendant les Trente glorieuses. Les collectivités locales sont prêtes à fonctionner mais il faut aussi que France Telecom mette la main à la poche. Or dans toutes ces “crypto-administrations“ quasi-publiques, on observe que l’aménagement du territoire, c’est toujours la faute de l’autre. Je pense que les collectivités comme le département ou la région doivent s’impliquer comme elles s’impliquent dans le routier ».