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Internet haut débit : les Aveyronnais des champs inégaux face à ceux des villes

En ce mois de juin 2008, l’internet haut débit -via le Wimax- commence enfin à irriguer les zones rurales d’Aveyron trop éloignées des centraux téléphoniques pour recevoir l’ADSL. Soit environ 10 000 foyers aveyronnais.

Il y a retard par rapport aux promesses de l’ex-président du Conseil général, Jean Puech, qui avait fixé comme échéance février 2008. Son successeur, Jean-Claude Luche, a dû adresser une lettre de mise en demeure à Net Aveyron, filiale d’Altitude Infrastructure. Cette dernière justifié son retard par « des blocages de riverains […] et des retards d’approvisionnement de sous-traitants » et s’est engagée pour un réseau opérationnel fin août 2008.

En 2007, le Conseil général avait signé une délégation de service public  de 15 ans avec l’opérateur Altitude Infrastructure pour un investissement de 22 millions d’euros – dont 13,9 à la charge du contribuable.

Reste à savoir si une fois le réseau opérationnel, les Aveyronnais des champs passeron au haut débit dans les conditions commerciales fixées par Altitude Telecom et les autres fournisseurs qui se résument pour l’instant à l’opérateur Numéo.

Car la facture internet est plus salée pour les Rouergats ruraux que pour leurs cousins urbains. Ainsi Altitude Télécom facture-t-il l’abonnement mensuel à 39€ pour le seul internet, plus 6€ si l’on veut le téléphone. Ajoutez à cela une caution de 100 € pour le modem (remboursable) mais surtout une installation de l’antenne Wimax d’un coût minimum de 200 €. Numéo, de son côté, facture à 39€ téléphone compris la liaison à 1 méga et à  49 €/mois la liaison à 2 méga. Cher comparé au 30 €/mois de l’abonnement en ville pour un haut débit –atteignant parfois jusqu’à 28 Méga- qui intègre aussi TV et magnétoscope numérique.

Si l’on ajoute à cela que l’internet est principalement utilisé par des jeunes ruraux en formation, par définition peu fortunés, on peut se demander pourquoi, une subvention n’est pas prévue au moins pour l’antenne. Elle aurait été toujours plus profitable à la collectivité que le financement récurrent des déficits de certaines structures.
A l’heure où Aveyron Expansion et son président Jean Puech- à grands renforts de consultants- glosent sur l’attractivité du territoire dans les perspectives des élections sénatoriales de septembre 2008, c’est bien le genre de question que devraient se poser les grands électeurs.  Car quand on aborde l’attractivité d’un territoire, on regarde d’abord les réseaux physiques et virtuels (numériques). Sur ce plan-là entre l’absence d’une RN 88 à deux fois deux voies, l’appauvrissement de l’offre ferroviaire et les faiblesses du haut débit, on ne peut pas vraiment dire que l’Aveyron soit bien loti.

Concrètement la couverture de l’Aveyron en haut débit impliquait que la pose de 172 km de câbles de fibres optiques  en sous-sol, et l’implantation de 83 stations d’émission-réception d’ondes hertziennes – le Wimax pour les spécialistes – soient implantées.