Agriculture

Salon de l’Agriculture 2011 : La fin des symboles ?

Février 2011 : Salon de l’Agriculture. La présence massive de l’Aveyron au SIA ne doit pas masquer les vrais problèmes d’une économie agricole dominée par l’élevage et qui subit de plein fouet les hausses des céréales. Difficile d’ailleurs de ne pas voir un symbole dans l’élection à la tête de la FDSEA du céréalier Xavier Beulin devançant de 5 voix l’éleveur aveyronnais Dominique Barrau. Est-ce la fin d’une vision aveyronnaise ?

Comme chaque année, l’Aveyron va se faire remarquer au Salon International de l’Agriculture avec un stand imposant dans le hall principal. Et une journée dédiée à la marque « Fabriqué en Aveyron » et aux produits du pays.

Cette présence massive ne doit pas masquer les vrais problèmes d’une économie agricole dominée par l’élevage et qui subit de plein fouet les hausses des céréales. Difficile d’ailleurs de ne pas voir un symbole dans l’élection à la tête de la FDSEA du céréalier Xavier Beulin devançant de 5 voix l’éleveur aveyronnais Dominique Barrau. Est-ce la fin d’une vision aveyronnaise, d’une agriculture à taille humaine chère à Raymond Lacombe ? Le triomphe de la céréale mondialisée sur le petit paysan du relief ?

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Jacques Molières, le nouveau président de la Chambre d’Agriculture ne s’y résoud pas. Comme son prédécesseur, Jean Laurens, son but est de maintenir des paysans en Aveyron, et d’éviter ainsi que le département ne devienne un désert. Avec des idées bien ancrées sur la nécessité de jouer la carte des regroupements pour casser la solitude des agriculteurs et de bien préparer les transmissions d’entreprises pour les jeunes.

Côté syndical, la FDSEA aveyronnaise qui contrôle la Chambre s’est montrée résolue à ne pas laisser le monopole de l’action à sa concurrente, la Confédération paysanne. Ainsi a-t-elle multiplié l’an passé les actions d’éclat : stickage en grandes surfaces de certains produits laitiers d’industriels comme Lactalis, accusés de ne pas respecter l’accord laitier ou stickage des porcs non français. Sans oublier de blocage des abattoirs de Bigard de Castres pour protester contre les prix trop bas. Car tout le monde le sait, les grandes surfaces n’ont qu’un objectif : augmenter leurs marges. Sur le dos du consommateur mais surtout du producteur.

Dommage néanmoins que Jacques Molières et ses amis de la FDSEA ne poursuivent pas sur cette lancée. Juger que le bio et les circuits courts sont anecdotiques, ça devient franchement anachronique quand on sait la bombe à retardement que représente pour la santé l’ingestion des pesticides que nous ont déversés depuis 50 ans cette agriculture « conventionnelle ». On a du mal à comprendre cette aliénation de paysans aveyronnais attachés à leurs racines et à leur nature. Ils continuent de tomber dans le panneau « Il faut nourrir la planète ». Un panneau fabriqué par un lobby agricole pour le plus grand profit de ceux qui tirent les ficelles.

Au « toujours plus » qui ne produit que des financiers heureux et des paysans malheureux, on pourrait opposer le « toujours mieux ». L’Aveyron l’a prouvé avec des AOC solides qui structurent harmonieusement un territoire. Pourquoi ne pas continuer sur cette voie avec un cochon de qualité ou des céréales bio. Et que l’on ne nous ressorte pas qu’il s’agit de produits pour « bobos ». En Aveyron, il existe des filières de porcs gras nourris sans OGM, qui donnent d’excellents jambons, bien moins chers que bien des « Bayonne » des linéaires.

Si l’Aveyron se distingue de l’Auvergne, il se distingue également Sud-Ouest. Ainsi, les intérêts du pays ne sont pas ceux du lobby du maïs, du canard et du jambon de Bayonne, qui derrière le folklore voit une politique productiviste conduite par des coopératives géantes qui ne servent plus les intérêts de leurs paysans. Faut-il rappeler qu’en dix ans la production de miel aveyronnais a chuté de 30%. Et qu’il n’y a pas de viagra pour les abeilles.