Agriculture

La folle journée de Le Foll en Aveyron 


Qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy, de François Hollande ou d’autres, l’Aveyron fait souvent du bien au moral des politiques. Cela s’est encore vérifié le 18 juillet 2013 avec la visite du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Alors que sa cote commence à dangereusement baisser dans bien des départements, ce déplacement aveyronnais a été plutôt chaleureux pour ce « Hollandais ».


Il faut dire que le ministre est arrivé avec de bonnes nouvelles. Et notamment celle dans un avenir proche de plus de primes pour les paysans aveyronnais. La nouvelle PAC devrait en effet favoriser l’agriculture d’élevage, or celle-ci demeure ultra-dominante en Aveyron. Les nouvelles mesures de convergences devraient faire passer selon Stéphane le Foll le volume annuel des aides distribuées aux agriculteurs aveyronnais de 152 millions d’euros aujourd’hui à un maximum de 176 millions au mieux. Du coup, dans les deux camps opposés de l’agriculture aveyronnaise, ceux de la FDSEA et ceux de la Confédération Paysanne, le ministre a reçu un bon accueil.

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Quitte à faire grincer des dents à la FDSEA, le ministre a commencé sa visite par la ferme des Bauges dans le Larzac. Tout juste quelques dizaines de manifestants l’attendaient pour stigmatiser un « coup de com » et réclamer un traitement identique au Larzac, pour les terrains de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Car comme un ultime épilogue à cette longe lutte aveyronnaise qui a marqué les annés 70, Stéphane Le Foll a signé l’extension du bail des terres de la Société des Civiles des Terres du Larzac jusqu’en 2083.  Cela permettra aux paysans d’envisager un avenir serein pour leurs descendants. L’ancien du Larzac devenu député européen José Bové a invité quatre acteurs à témoigner de leurs expériences collectives conduites depuis les années de lutte et dont certaines sont des vraies réussites économiques. A commencer par la coopérative des Bergers du Larzac. Le ministre quant à lui n’a pas manqué de plaider pour sa vision de l’agroécologie, pivot de sa loi agricole de la rentrée, et l’idée d’une agriculture harmonieuse appuyée sur un territoire.
Lors du déjeuner à Millau, les membres de l’interprofession de Roquefort lui ont fait part de leurs inquiétudes sur l’avenir de leur organisation avec les nouvelles mesures de la PAC concernant le « paquet Lait ».


A 130 km/h sur les routes aveyronnaises, le cortège ministériel a rallié en un temps record Sauveterre. C’est pour honorer une promesse que le ministre s’est rendu dans la ferme Patrick Mouysset président du Veau d’Aveyron et du Ségala, label rouge qui fête ses 20 ans mais pas forcément dans la sérénité.

lefoll_maquetteLe ministre a fait face à un aréopage de notables et de responsables de la FNSEA. Contrairement à son absence au Larzac, le patron du Conseil général, Jean-Claude Luche, était cette fois bien là. Faut-il y voir une préférence syndicale ? Dominique Fayel président de la FDSEA, Dominique Barreau secrétaire général de la FNSEA, ou Jacques Molières président de la Chambre d’Agriculture d’Aveyron n’ont pas manqué de rappeler que ce qui importait aux paysans c’était de produire et de réclamer la compensation du handicap pour leurs exploitations de montagne.

Si les bovins et les ovins peuvent voir l’avenir avec un plus de d’optimisme avec l’annonce de la réorientation annoncée des primes de la PAC, en revanche question porcs, il n’en va pas de même. Ainsi, les éleveurs porcins aveyronnais attendent beaucoup du ministre pour l’appellation Porc de Montagne. D’ailleurs la FDSEA a offert au ministre une maquette illustrant une montagne. Avec au sommet une vache et une brebis et beaucoup plus bas la découpe du ministre devant un cochon. Le message est clair Stéphane Le Foll a intérêt à pousser le porc de montagne aveyronnais vers les sommets. En clair de lui faire profiter des primes de la PAC liée à la zone montagne. Reste la contrainte de l’alimentation qui doit être locale à 50%. Ce qui ne semble pas acceptable pour les éleveurs. Quant aux consommateurs ?