Après 100 ans d’existence, les amicales et leurs banquets sont devenus des institutions. Année après année, la routine s’est parfois installée et certains convives se sont retrouvés sans plus rien avoir à dire à leurs voisins.
D’autres ont pris leurs distances. Ils gardent en tête des souvenirs d’esbrouffe déplaisants ou tout était de trop, les bijoux de Madame comme le rouleau de billets que Monsieur exhibait au moment d’acheter les billets de tombola sans parler de la Mercedes garée devant la porte. « Mais il faut souligner que le banquet de l’Amicale a été longtemps l’unique sortie du couple bistrotier, qui se mettait en frais pour l’occasion, avec un besoin de prouver sa réussite », tempère René Oustry, originaire de Saint-Côme et ex-patron du café La Tour, en haut de la rue de Rennes.
Aujourd’hui les banquets demeurent encore l’activité phare des amicales. Cheveux gris et cheveux blancs dominent le paysage. Les jeunes, eux, hoquètent parfois devant le prix des banquets, près de 500 francs par tête, tombola comprise, qui s’explique compte tenu de la richesse des menus et des salles louées pour l’occasion, tout comme les musiciens des groupes de folklore. Acceptable pour une soirée par an comme autrefois, ces tarifs passent beaucoup plus difficilement pour un jeune ménage qui veut faire d’autres sorties.
Qu’en pense Gérard Paloc, président de la Fédération des Amicales Aveyronnaises ?
« Avant, avec les recettes des banquets, on retapait le monument aux morts du village, aujourd’hui c’est une autre problématique. Il nous faut proposer autre chose, travailler des liens plus étroits avec le pays. Ainsi par exemple nous avons organisé un marché de pays de producteurs aveyronnais montés à Paris qui s’est très bien déroulé. Il s’agit de développer les liens économiques entre le pays et Paris. »
« Est-ce que ça répond encore à une attente des gens ? On peut se poser la question, on a l’impression que les jeunes ne sont plus attirés par ce type de manifestation », confie Gérard Paloc, président de la Fédération des Amicales Aveyronnaises.
Parole de jeune : Laurent Vioulac, 32 ans, originaire de Saint-Geniez d’Olt.
« L’idée de base de réunir des hommes et des femmes venues du même village et de faire quelque chose ensemble est fabuleuse. C’est la manière de le faire qui est à revoir. Les banquets où l’on passe 5 heures à table, et les tombolas qui durent 3 heures où l’on appâte la galerie avec ses billets de 500 francs, c’est trop. Dans notre amicale, on remarque bien parfois le fossé entre les générations, nous sommes environ 80 jeunes sur 400 mais ça se voit dans les salles. Car on se débrouille pour faire monter les jeunes du pays. Nous avons décidé de revenir vers les amicales mais pour faire autre chose, pour se voir en dehors des banquets, se voir l’été pour faire la fête. »