Est-ce faire abus de langage que de parler à l’égard des Aveyronnais de Paris d’une diaspora toute aussi structurée que les juifs séfarades, les Basques ou les communautés chinoises. Elle a ses associations, ses rites, ses points d’ancrage et, bien entendu, sa tradition fermement défendue et assumée lors des banquets d’Amicales. L’Amicale de Saint-Côme est l’une des premières à avoir fêté son centenaire.
On entend parfois parler de « mafia » pour désigner avec humour cette partie immergée de l’iceberg aveyronnais. Encore qu’en près d’un siècle et demi, on n’ait jamais entendu parler, ni de racket, ni de super procès, ni de récalcitrant coulé dans le béton…
« Si un jour j’ai besoin de 100 000 francs, un ami nous les prêtera sans intérêt, tout comme je le ferais aussi. » Bref, plutôt que la loi de l’omerta, c’est la loi de l’amitié.
Cela n’exclut pas les clans, les réseaux, les reconnaissance de dette éternelles, et les logiques familiales. Encore qu’à qu’en cette époque où ne sont glorifiées que les réussites individuelles, tout cela tende, peu à peu, à se dissoudre.
Amicales parisiennes et pays
Longtemps, ce sont deux mondes qui se sont regardés sans trop développer les liens institutionnels. L’heure est visiblement au réchauffement.
Signe qui ne trompe pas, cette année, la Nuit Arverne, ce gigantesque banquet réunissant tous les Auvergnats de Paris où l’on élit les pastourelles, était patronnée par Jean Puech, sénateur et président du Conseil général d’Aveyron. A l’occasion, l’ancien ministre de l’Agriculture d’Edouard Balladur a naturellement insisté sur le raffermissement des liens entre les Amicales parisiennes et le département.
Il est vrai que le département a tout à gagner à profiter d’ambassadeurs de l’Aveyron aussi omniprésents que les Amicales de Paris. Il est vrai également qu’il n’en n’a pas toujours été ainsi. D’une certaine façon, il a parfois plané une sourde défiance entre Aveyronnais de Paris, installés dans la limonade, et ceux restés au pays.
D’origine historique, elle s’est d’abord alimentée, pour ceux restés au pays, d’une légère jalousie à l’encontre de ces Parisiens qui revenaient l’été au pays faire étalage des signes extérieurs de leur réussite.
Les belles maisons qu’ils se sont fait construire ou retaper aux alentours d’Espalion ou les soirées privées patronnées par les grandes marques d’alcool, n’ont parfois pas arrangé les choses.
Mais on peut se demander aujourd’hui quel sera l’avenir pour les amicales au XXIe siècle ?