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Roquefort demande à être exempté du Nutri-score

La Confédération Générale de Roquefort part en guerre contre le Nutri-score, cet étiquetage nutritionnel coloré qui classe de A à E les aliments selon un calcul mathématique et qui est pour l’instant optionnel. 

L’interprofession va faire campagne contre le projet de la Commission européenne de rendre obligatoire d’ici 2022 cet étiquetage en demandant qu’en soient exemptés notamment les fromages AOP. Arnaud Viala, alors député de l’Aveyron avait déjà présenté en juin 2021 une proposition de loi allant dans le même sens. 

«Le Roquefort mérite bien plus qu’une lettre et une coloration tant il fait partie du patrimoine agricole et gastronomique français. » 

La Confédération Générale de Roquefort

Et pour cause, tel quel, le Nutri-score est impitoyable avec le « roi des fromages ». Gras et salé, le roquefort serait marqué d’un flétrissant E. D’où la crainte que ses ventes en linéaires ne s’effondrent. Mais surtout, dans le projet de la Commission européenne, les produits estampillés D et E n’auraient plus le droit de faire de la publicité.

La France prendra en janvier 2022 la présidence de l’UE pour 6 mois. Et pour l’interprofession, il s’agit dès lors de convaincre le Président de la République du danger qui pèse pour une filière historique du sud-Aveyron qui fait vivre 5500 personnes … Et Roquefort n’est pas le seul dans ce cas. Bien d’autres AOP fromagères, en France mais aussi en Italie ou en Espagne sont concernées. Sans parler des charcuteries type « Noir de Bigorre ». 

Si le Centre international de recherche contre le Cancer de l’OMS  vient d’apporter son soutien massif au Nutri-score, Roquefort ne manque pas non plus d’arguments car ce n’est sans doute pas pour lui -mais pour conjurer les ravages de la malbouffe- qu’a été créé ce Nutri-score.

Pour un peu, on pourrait dire qu’il est un produit naturel, sans additifs, ni conservateur (autre que le sel). Et qu’on n’a jamais vu d’enfants rendus obèses à cause de la consommation de roquefort. En revanche, le coca-light englouti par litre et les chips allégées avalées par kg – mais classées B- ont sans doute un impact sur les estomacs et le microbiote des jeunes. 

Les professionnels relèvent que la portion moyenne consommée de Roquefort est de 25 à 30 g. Et encore pas tous les jours… Or la ration sur laquelle est calculée le Nutri-score est de 100 g … De quoi pousser les producteurs de roquefort à demander que la portion de référence soit au moins divisée par trois. 

Il n’empêche. En termes d’image, le Roquefort évolue sur une ligne de crête. Car son combat pourrait être assimilé à celui des géants agroalimentaires qui freinent des quatre fers contre le Nutri-score. C’est aussi sans doute la raison pour laquelle Lactalis, N°1 mondial et maison-mère de Société devrait faire profil bas. 

Le N°1 mondial du lait, fermement opposé au Nutri-score- vient de rendre public un nouveau logo-  #C’estlAssietteQuiCompte- pour certaines de ses marques  comme Bridelice ou Président. 

Et puis Lactalis exploite toujours son Bleu de brebis sous la marque Société. Contrairement au roquefort, ce persillé n’a pas besoin de respecter le cahier des charges de l’AOP. Et de fait, confie un observateur, moins salé il pourrait décrocher un meilleur classement. Mais on le sait, les divagations du « loup bleu » de Lactalis dans la bergerie du Roquefort sont récurrentes.