Chapeau Barnier, bel accord. L’Union européenne pourra continuer d’interdire l’importation du bœuf aux hormones et le roquefort ne sera pas taxé à terme de 300%. Bref, les États-Unis renoncent à terme aux sanctions qu’ils appliquent actuellement à de nombreux produits européens, dont le foie gras, la moutarde et le roquefort pour la France. Dans l’immédiat, les États-Unis acceptent de diminuer de 68% leurs sanctions. La moutarde ne sera plus taxée et la taxation sur le foie gras ne sera pas augmentée.
Par ailleurs, l’accord permet de préserver le roquefort de la menace d’une taxation de 300 %, qui aurait résulté de la mise en place des sanctions supplémentaires que s’apprêtaient à prendre les Américains. En échange, l’Union européenne autorise l »importation de quantités supplémentaires de viandes américaines sans hormones, de 20.000 tonnes dans un premier temps, et 45.000 tonnes à l’issue d’une période de 3 ans.
Pour les éleveurs de brebis lacaune du bassin de Roquefort, l’Amérique c’est un marché de niche d’environ 400 tonnes par an, soit environ 2% de la production
Le persillé était déjà visé depuis 1999 par des droits de douane élevés de 100%. Avec une taxe de 300%, le premier fromage français à avoir bénéficié d’un décret d’appellation, aurait atteinte des prix astronomiques dans l’assiette du consommateur américain.
Pour les Anglo-saxons, le roquefort constitue un beau symbole du côté chauvin, poil à gratter et arrogant des Français. A preuve l’une des publicités télévisuelles internationales d’IBM de 2000 où l’on voit une réunion publique d’Anglais, qui semble bien être le comité des producteurs de Cheddar piraté par le roquefort… « Cheddar, cette capitale historique du fromage est sur le point de devenir un cyber-village. Lorsque j’aurai appuyé sur le bouton, déclare l’orateur, le site web du Cheddar nous ouvrira les portes du marché mondial». Tandis que sur l’écran s’affiche l’image de Cheddar, à la stupeur des spectateurs, un roquefort vient écraser le pauvre fromage anglais au son de Vive la France ! L’officiant murmure alors « Nous avons été piratés !» Et Big Blue (nom de guerre d’IBM) de promouvoir ainsi ses systèmes de sécurité internet…
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