Durant des décennies, ses bacchantes de gascon, son accent rouergat et sa gentillesse ont fait une figure de Paris de ce chef de rang du café des « Deux Magots » à Saint-Germain des Prés. Cet homme est un symbole et une survivance. Ceux d’un temps où il y avait à Paris une éthique et une esthétique des bistrots. Depuis vingt-deux ans, il œuvre dans ce lieu symbolique du PRG (Paris Rive Gauche) avec sa terrasse, ses tables de bois patinées par les manches des obscurs ou des illustres écrivains français ou américains.
Malgré les ans, la fierté de Raymond Costes pour son métier demeure intacte. Garçon a-t-il imprimé fièrement sur sa carte de visite recto-verso, un côté pour les Deux Magots de Paris, l’autre pour les petits-frères de Tokyo. Mais, quand il regarde le monde –et il en voit- la nostalgie de son métier l’étreint comme si l’heure du crépuscule avait sonné. «Un café avec tous les garçons dans le même uniforme, je trouve que ça a de la classe. Maintenant ça n’intéresse plus les jeunes».