Amicales et Folklore

Le folklore aveyronnais à Paris

C’est sans doute un cas unique dans l’histoire de Paris : celui d’une perpétuation et du développement d’un folklore provincial dans la Capitale durant plus de 80 ans sans aucun affaiblissement du mouvement.

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Le folklore est un des éléments les plus forts de l’identité -pas simplement aveyronnaise- mais auvergnate pour les descendants des émigrés du Massif Central montés à partir de la fin du XIXe siècle (lire historique). Aujourd’hui encore, les règles du cahier des charges posées dans les années 20 lors de la création des premiers groupes folkloriques demeurent inchangées : Maintenir vivante la flamme de la tradition et assurer l’animation des banquets d’amicales.

Mais il y a aussi bien sûr cette endogamie qui est propre aux Auvergnats de Paris. Alors qu’en province, certains intègrent un groupe folklorique comme on pratique un hobby  au sein d’une association souvent aidée par les municipalités, à Paris, on est au cœur des racines auvergnates.
Les bourrées et autres troupes parisiennes ne sont fréquentées que par des Auvergnats. Mais, la spécificité aveyronnaise très forte dans les amicales et la Ligue Auvergnate, du fait de la surreprésentation des originaires rouergats s’efface au profit de la grande Auvergne, car c’est souvent à cette identité que se raccrochent les Nord-Aveyronnais. Peu importe souvent que l’on soit Cantalou ou du Puy de Dôme ou du Lot, pour intégrer les bourrées.

C’est la Ligue Auvergnate,“ super fédération“ qui englobe les sept départements du Massif central qui encadre le folklore. Pas étonnant, c’est la manifestation la plus visible du mouvement amicaliste. Les membres des bourrées sont souvent des présidents d’amicales et vice-versa . «Si chaque fédération devait s’occuper de folklore, on aurait, par exemple une bourrée uniquement constituée d’Aveyronnais. Ce serait la même chose avec les Cantaliens et les autres, il faut à tout prix éviter ce sectarisme, c’est parce que les groupes sont transverses que ça marche. A preuve, les jeunes filles Aveyronnaises réclament au bout de deux ans, une deuxième robe de lozérienne et vice-versa.», argumente Thierry Borel, Lozérien, président de la Bourrée de Paris.

Les“ bourrées“ parisiennes

A Paris, entre les 21 groupes et bourrées affiliés à la Ligue Auvergnate il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Certains assurent les cours pour les enfants, c’est par exemple le cas de Pastres et Pastretos ou de Lou Baleiro, scission du premier en 1978. Ce ne fut pas la seule scission, preuve que le folklore n’est pas un long fleuve tranquille … Il y a par exemple, la Bourrée Montagnarde fondée en 1927 avec ses 80 membres. «C’est le caractère familial qui nous caractérise. Chez nous, tout le monde à sa place, des touts petits aux grands-parents. Il y a un côté passage de témoin entre les générations. » souligne Jean-Pierre Vic, son président, originaire de Saint-Amans des Côts. «Moi aussi, je constate un attrait croissant pour le folklore, je pense qu’il est lié aux 35 heures qui ont dégagé davantage de temps libre.»

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Car faire partie d’une bourrée qui tourne suppose de ne pas compter ses heures. Entre les répétitions, les costumes, les représentations, les enfants qu’on emmène aux cours de folklore, c’est une passion qui réclame d’avoir la foi chevillée au corps. Le passage le plus difficile, c’est l’adolescence, surtout les garçons qui craignent toujours d’être reconnus par des copains et d’être taxés de ringard.

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