L’existence d’autant de groupes sur l’Ile-de-France implique une certaine concurrence entre eux. Chacun doit trouver des représentations qui sont synonymes de ressources. « Il faut bien se “vendre“ pour dégager des recettes qui permettront de partir. Et quand on a un budget de 30 000 euros par an, il faut en faire des repas d’amicales à 200 €, des comités d’entreprise ou des animations de marchés de pays auvergnats pour être capable à la fin de l’année de financer le voyage à l’étranger ! » confesse un président. Car la participation à un festival folklorique international – a fortiori sur un autre continent- constitue la récompense suprême pour beaucoup. Et pour cause, l’invitation dans un festival folklorique à l’étranger, c’est la cerise sur le gâteau, qui est vécu comme une récompense du travail de toute l ‘année. «Car on a beau aimer animer les banquets d’amicales, c’est sympa de sortir du cercle auvergnat et de partir à la découverte du monde. Lorsqu’on est logé à Mexico chez l’habitant pendant 15 jours, ou que l’on vit au Japon à la japonaise où tous les hommes se lavent nus dans un bain de vapeur ce sont des souvenirs qui vous marquent pour la vie.» raconte Thierry Borel, président de la Bourrée de Paris.
Mais la concurrence n’empêche pas qu’il existe un esprit de camaraderie réel entre les groupes. En tout cas, un climat bien moins empoisonné qu’il y a une trentaine d’années où les scissions se succédaient . A preuve la rallye Intergroupe réunit tous les groupes parisiens (soit 500 personnes), le temps d’une journée se déroule dans un réel esprit d’amitié.
Le coup de gueule du patron de La Bourrée de Paris contre le marketing du terroir !
« Un des aspects du regain du folklore est aussi lié au développement des marchés de pays. Ainsi, nous sommes souvent demandés pour animer ce genre de manifestation. Mais derrière le mot terroir, on trouve tout et n’importe quoi. Le terroir est devenu un concept marketing. Il nous arrive parfois de n’être plus qu’un élément du décor. C’est rageant d’avoir l’impression de faire le pitre sur un marché pendant que certains vendent des produits d’Auvergne qui n’ont d’Auvergne que le nom. Heureusement, qu’il y a encore des marchés comme celui de Bercy. »
Professionnalisme
Le chapeau d’Espalion diffère de celui de Laguiole qui diffère de celui de Rodez… .C’est dans les détails d’un costume que s’expriment les passions des participants d’une bourrée. La plupart des groupes auvergnats ont arrêté leurs époques de représentation au milieu du XIXe siècle. Pour une bourrée qui se respecte, une représentation, c’est d’abord un costume impeccable cousu par des costumières qui s’attacheront à trouver les tissus les plus approchants et auront à cœur de modeler les dentelles. Une bourrée qui se respecte doit également avoir ses cabretaires, ses accordéonistes et ses vielleux. Elle a aussi un maître de chant.
C’est enfin des danseurs qui ne porteront « ni montre, ni gourmette, ni à fortiori lunettes de soleil.» explique Eric Naudan, tombé comme Obélix dans la potion à deux ans et demi. Ainsi vont les réputations et la concurrence est sévère sur le plan mondial. Particulièrement du côté des troupes des pays de l’Est, véritables professionnels du folklore. Mais ce n’est qu’à cette condition que l’on peut espérer participer à des festivals internationaux et donc voyager.
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