Dans le contexte de licenciements massifs et de crise, les ouvriers aveyronnais prêteront attention aux recruteurs sans scrupules pour des destinations aux noms magiques de Californie ou d’Argentine. Nombre d’entre eux ont tenté l’aventure américaine.
Par exemple à San Francisco où ils achèteront hôtels et restaurants avant de revenir au pays. Si l’on se reporte à l’ouvrage de Daniel Crozes et de Danielle Magnes, consacré aux Aveyronnais et édité par Les Editions du Rouergue, on estime que 120 000 Aveyronnais ont quitté leur département entre 1850 et 1914.
Dans les zones rurales, la ferme ne suffit plus à nourrir les fratries. Un frère rallie le petit séminaire, le second file à Paris, le troisième reste au pays. Dès le XVIIe siècle, de nombreux Aveyronnais pratiquaient déjà l’immigration saisonnière, à l’image de ces scieurs qui partent, chaque hiver, louer leurs bras en Catalogne.
De ces grandes campagnes de sciage, ils rapporteront la Navaja. Les courbures hispaniques de ce couteau catalan sauront inspirer Pierre-Jean Calmels, le créateur du réputé couteau Laguiole. Encore que cette forme pourrait être antérieure…