Politique

Sud aveyron : la révolte de l’hôpital

L’avis d’un médecin de campagne.
Bernard Arnould : Médecin de campagne à Belmont sur Rance
Il est médecin de campagne à Belmont sur Rance depuis 28 ans. Comme d’autres de ses homologues, il vit au jour le jour, les mutations sociologiques du monde rural : vieillissement de la population, diminution du nombre d’agriculteurs, difficulté à attirer des jeunes médecins en zone rurale.
Quel aurait été, selon vous, l’impact de la fermeture du service de réanimation et de la chirurgie à l’Hôpital de Saint-Affrique ?
L’hôpital assure une sécurité sanitaire en harmonie avec les vingt médecins libéraux des cantons sur une vaste zone de 80 000 habitants. Toucher à des services aussi techniques que la réanimation ou la chirurgie aurait mis en cause la sécurité sanitaire. Car, il faut voir concrètement comment se traite une urgence dans nos cantons. Un véhicule sanitaire, qui roule à une moyenne de 50 km/h sur nos routes, peut mettre une heure et demi voire deux heures pour rallier Millau au départ d’un canton comme Murasson. C’est donc grave pour la sécurité de chacun, d’autant qu’il faut aussi tenir compte du profil des populations du Sud Aveyron dont certaines sont fragilisées. Chaque chef lieu de canton compte une maison de retraite, sans parler de sites d’handicapés, par exemple à Belmont.

La fermeture d’un hôpital n’est pas de nature, non plus à inciter les médecins de campagne à s’installer ?
Si un médecin ne peut plus avoir dans l’heure qui suit une échographie ou une radio parce qu’il n’y a pas d’hôpital, comment peut-il avoir envie de s’installer., On ne trouve déjà plus de successeur.

Alors ?
Alors à la fin, après le désert sanitaire, on a le désert tout court. Et qu’y met-on ? Des déchetteries ou des champs d’éoliennes. Or, un pays comme le nôtre, par son authenticité mérite un autre destin que celui-là. Il a des atouts indéniables sur le plan touristique.

Mais toute cette affaire semble également le fait d’une guéguerre interne entre médecins de Millau et de Saint-Affrique ?
Depuis, la fusion des deux hôpitaux en 2000, la commission médicale est déséquilibré en faveur de Millau. Certains médecins millavois se sont dit qu’en “plombant” Saint-Affrique, ils serviraient Millau. Mais ils oublient le grand hôpital de Rodez en cours de réalisation. De fait, ils se nuisent à eux-même. En gardant l’hôpital de Saint-Affrique, on garde une chance de voir se réaliser un nouveau centre hospitalier en Sud Aveyron.

Justement que pensez-vous de ce projet de nouvel hôpital pour le Sud Aveyron ?
Un nouveau centre s’impose pour des questions de rationalités économiques, mais aussi techniques, car la médecine de demain, ne sera pas la même. Il suffit de voir les nouveautés qui sont apparues ces dernières années : comme la généralisation de l’échographie, du scanner. Il faut bien que les hôpitaux s’adaptent. Même si Saint-Georges de Luzençon vu de Belmont ou Combret, c’est presque Millau. Il faudrait qu’il soit plus proche de Saint-Affrique.