Economie et Politique

Barrages aveyronnais, bientôt l’ouverture à la concurrence ? 

L’Aveyron a toujours été un “pays“ pionnier dans l’exploitation de la « houille blanche ». Les premiers projets de barrage remontent à 1883 pour une chocolaterie d’Espalion. 

L’âge d’or des barrages aveyronnais a vraiment commencé dans les années 30. D’abord avec les chantiers sur la vallée de la Truyère (notamment le barrage de Sarrans) et du Lot puis, après guerre, sur le plateau du Lévezou qui allait donner à l’Aveyron cette sorte de fjord intérieur qu’est le lac de Pareloup. Aujourd’hui, le sujet barrage revient sérieusement dans l’actualité.

Depuis une décennie, la commission européenne réclame l’ouverture et la mise en concurrence des concessions sur les barrages. En janvier 2018, Nicolas Hulot, alors ministre de l’Environnement, a proposé d’ouvrir à la concurrence 150 barrages hydroélectriques (sur 433) d’ici 2022. Pas  assez rapide ni assez généreux pour la Commission européenne qui en demande plus.

En Rouergue, EDF freine des quatre fers et tente de verrouiller la pérennité de son exploitation, en tout cas aux yeux de l’opinion. Ainsi, l’entreprise publique a par exemple créé  l’agence «  une Rivière, un Territoire» pour accompagner le développement des emplois dans les vallées. EDF a aussi créé une route de l’Energie et organise des visites comme celle par exemple de la colonne de pompage du réservoir de Montézic.

On y croise parfois de drôles de touristes souvent en binômes qui ne photographient pas que des paysages … Plutôt de vrais professionnels qui ressemblent à des Suédois voire à des Chinois. Il y a aussi des Français qui intriguent,  peut-être des ingénieurs de Total déguisés en touristes. Car le patron du pétrolier français s’est aussi déclaré cet été très intéressé par l’ouverture des concessions de barrages. 

Et pour cause, l’énergie des barrages, à commencer par ceux d’Aveyron, c’est l’or de l’âne de Peau d’Ane. Pas besoin de démarcher des pays au régime improbable à la recherche d’uranium et surtout, pas besoin de provisionner des dizaines de milliards d’euros pour le démantèlement des centrales nucléaires. Les barrages sont amortis depuis longtemps. Seul hic, l’eau, mais si celle-ci venait à manquer à ce point, la situation ne serait pas seulement noire pour EDF mais pour toute notre société. En attendant, rien n’interdit de penser qu’un jour le marché de Bercy ne soit inauguré par le patron de Total. 

Interview Frédéric Hofmann, directeur développement EDF Hydro qui a inauguré le marché de l’Aveyron de Bercy (interview donnée le 13 octobre) 

Vous avez parlé de nouveaux investissements d’EDF sur la Truyère ?

EDF est engagé sur le développement de l’hydroélectricité d’une manière générale. Nous avons des projets en France comme à l’international. Nous avons en ce sens des projets sur la Truyère.

L’ouverture éventuelle des concessions de barrages à la concurrence suscite bien des convoitises. Dans cette optique, l’ancrage d’EDF en Aveyron doit être utile ?

Oui, nous avons des ancrages forts en Aveyron et nous avons de bons résultats d’exploitation. Nous sommes très attachés à l’implantation,  à la protection de l’environnement et au développement social autour de nos aménagements, par exemple les activités des PME. Nous avons justement mis en place l’agence EDF  « une Rivière, un Territoire“ afin justement de soutenir le développement dans ces régions et d’utiliser les ressources locales pour faire la maintenance de nos installations. Et ce, de façon à être le concessionnaire choisi le jour venu.

Quand pourra-t-on connaître le détail de ces plans de développement sur la Truyère ?

Nous sommes dans une phase de discussion avec le gouvernement. Nous n’en savons pas plus pour l’instant.