Artisanat - Industrie

L’impact du viaduc sur l’économie du Sud Aveyron. Interview de Jérôme Rouve, le président de la CCI de Millau

rouvegant

Grâce au Viaduc, Millau vit une nouvelle jeunesse. Hôtels et restaurants sont pleins, les sports de pleine nature marchent à fond. L’industrie locale profite également de cet engouement. A commencer par les gants. Ainsi le responsable de Gants Causse, Olivier Causse est content, il admet avoir observé une augmentation du chiffre d’affaires des particuliers significative de l’ordre de 20% dans le magasin d’usine. «C’est prometteur pour les entreprises.»

Et Micropolis va-t-il profiter du pont ?
Micropolis a été, dit-on sur place, l’un des premiers sites d’Aveyron à bâtir avec Eiffage un produit commun destiné aux groupes, un voyage sur une journée commenté par un guide ; le thème : “de l’infiniment grand à l’infiniment petit“.
«Cela a très bien marché, explique le directeur du parc aux insectes, Arnaud Frère, puisque la fréquentation en juin a été supérieure de 30% à celle de 2004. Le mois de juillet, davantage centré sur les individuels, connaît également un vrai regain de fréquentation, c’est une très bonne tendance à deux chiffres.»
Tel un papillon sortant de sa chrysalide, le directeur de Micropolis est tout neuf. Arrivé fin mai 2005, Arnaud Frère était auparavant à la tête de France Miniatures, un parc d’attraction dans les Yvelines. Il a été débauché pour ramener du monde vers Micropolis. «Ma mission c’est de développer la fréquentation mais on ne m’a pas donné d’objectifs chiffrés. »

micropolisJustement sur Micropolis, on évite de parler chiffres… Car le parc demeure plus que jamais le dossier noir du Conseil général et un scandale pour le citoyen-contribuable du Rouergue.
Car, outre qu’il a coûté 90 millions de nos ex-francs à la place de 17 initialement budgétés, il demeure encore en déficit. Pire, comme un mouche à qui on aurait mouillé les ailes, sa fréquentation ne décolle pas. Moins de 100 000 visiteurs en 2004. «On devrait dépasser ce cap en 2005, car on est en avance sur le plan de marche» assure Arnaud Frère. Ouf ! rappelons que ses promoteurs tablaient sur une montée en charge du trafic jusqu’à 150 000 visiteurs en 2007. On en est loin.
Du coup, en sus des charges financières de l’emprunt à la charge du contribuable puisque les recettes du parc sont insuffisantes, le simple fonctionnement de Micropolis, nécessite une subvention annuelle du Conseil général “de l’ordre de 5% du Chiffre d’affaires“ (880 000 € en 2003). «Nous sommes ouvert dix mois par an et durant les trois ou quatre mois de saison creuse, nous accueillons des groupes, des scolaires, des scientifiques et c’est pour cela que l’on perçoit une subvention du Conseil général » poursuit Arnaud Frère.
Le nouveau directeur n’attend pas tout du viaduc. «Sur Micropolis, mon action n’est pas de compter que sur les touristes, mais de le faire aimer des locaux, je voudrais que tous les Aveyronnais se rendent compte à quel point ils ont un site extraordinaire. Il faut renverser la mauvaise image de Micropolis.»

Dans une précédente interview, Jean-Puech nous expliquait en substance que le cas de Micropolis n’avait rien d’exceptionnel, que tous les autres parcs d’attraction étaient dans le même état. C’est sans doute vrai. Justement ce n’est pas l’image des parcs qui est en jeu mais peut-être plus celle d’hommes politiques peu soucieux des deniers publics et dont le seul objectif ne semble visiblement qu’être aux commandes le plus longtemps possible.