La carence du haut-débit en Aveyron : l’exemple concret d’une imprimerie aveyronnaise obligée de se payer une liaison satellite pour garder ses clients. L’histoire de l’imprimerie Causses et Cévenne est assez exemplaire des conséquences de la carence en Aveyron de l’internet haut débit.
Basée à Saint-Georges de Luzençon, cette imprimerie fait travailler une vingtaine de personnes et réalise un chiffre d’affaires de 1,4 millions d’€. En janvier 2003, sous la pression de certains clients qui menaçaient de la quitter, elle a dû se payer, seule, une liaison satellite pour avoir accès à l’internet haut-débit et pouvoir ainsi expédier et recevoir des documents volumineux. Coût : 400 € par mois. Rageant si l’on sait qu’à Millau, distant de moins de 15 km, l’ADSL revient à 30€/mois. «C’était ça où les clients nous quittaient.» explique son directeur Jean-Marie Boissière.
Ironie du sort, l’imprimerie avait été la première entreprise d’Aveyron à jouer la carte d’internet. C’était en 1995. « A l’époque, on s’était fait un vrai coup de pub en devenant la première entreprise d’Aveyron connectée Internet. On y croyait même pas nous-mêmes, nous pensions que ça durerait le temps d’un feu de paille.En fait, ça nous a rapporté pas mal de clients comme le CNRS. » A partir de 2000, les choses vont changer. Mais en mal. «Avec la diffusion croissante de l’internet haut-débit sur les pôles urbains du territoire, nous avons été de plus en plus pénalisés. Même avec Numéris, à 72 kbt/s, il nous aurait parfois fallu deux jours pour envoyer des documents comme des Bons à Tirer d’ouvrages. Alors on a envoyé des CD par Chronopost. Mais ça ne marchait pas si bien.Aujourd’hui, la plupart des clients ne veulent plus de ces procédures. »
Durant de long mois, l’imprimerie croit France Telecom qui promet de raccorder Saint-Georges de Luzençon à l’ADSL. «Pendant dix-huit mois, ils nous ont laissé espérer ça. Ils nous ont d’abord expliqué qu’il faudrait au moins 15 abonnés..Nous en avons trouvé trente. Dans le même temps ils demandaient aux collectivités locales qu’elles supportent 50 % du coût d’un central ADSL (environ 76 000 €) ensuite, c’était l’intégralité. Nous avons cru à leurs bonnes paroles jusqu’en novembre 2002 quand ils nous ont dit qu’ils étaient trop endettés. »
Aujourd’hui, Causses et Cévenne tente plutôt de partager avec d’autres entreprises du coin sa liaison haut débit afin de partager les coûts. Avant que les municipalités ou le Conseil général n’interviennent éventuellement. «Mais vu, l’absence de visibilité en ces matières, je comprends que les élus soient circonspects et ne souhaitent pas faire poser aux frais des contribuables un central ADSL à 75000 € tous les cinq kilomètres pour se rendre compte dans un an, qu’il existe une autre possibilité bien meilleure marché. »