Agriculture

André Valadier quittera la coopérative Jeune Montagne le 30 juin 2008

Chapeau Valadier. Le 30 juin, il quittera la Coopérative fromagère Jeune Montagne, après 48 ans de présidence avec un bilan plus qu’honorable. « C’est un coup à devenir superstitieux, à en aimer le chiffre treize : 13 millions de chiffres d’affaires, 13 millions de litres de lait, et un résultat de 800 000 € voté un 13 juin.» La hausse des produits laitiers n’est pas étrangère à ce résultat. En revanche, la « coopé » de Laguiole a dépassé cette année les 1000 tonnes d’aligot produites.

Car si l’Aligot est à la mode à Paris, c’est beaucoup grâce à lui. Ce “caviar blanc » de l’Aubrac est un symbole. Celui d’une prise en main de leur destin par de jeunes agriculteurs d’Aubrac qui refusant de tomber dans le productivisme des sixties ou de prendre le chemin des villes ont décidé de vivre au pays.

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Le cheptel d’Aubrac à 80 ans de distance. Une amélioration visible…Un cheptel presque multiplié par 10 en 40 ans, qui frôle les 140 000 têtes.valadier_vache1

C’est un autre éleveur, Gilbert Cestrières, maire de Montpeyroux, qui va prendre la présidence de Jeune Montagne. Il devrait continuer à cultiver le sillon creusé par Valadier : assurer l’indépendance de la “coopé” face aux géants laitiers tels que Lactalis, omniprésent en Aveyron avec tout en veillant au renouvellement des générations. A moyen terme, c’est un défi, sachant qu’un tiers des éleveurs de la coopé n’ont pas de descendants prêts à reprendre l’exploitation. Comment convaincre un jeune de se lancer dans l’élevage laitier avec ses 365 jours de traite par an quand il est plus rentable de se tourner vers la filière viande ?

Gilbert Cestrières devra également suivre le dossier de demande IGP (Indication géographique Protégée) Aligot de l’Aubrac initiée par André Valadier fin 2002. Le dossier semble patiner car il s’agit d’un produit transformé qui n’entre pas automatiquement dans le champ des produits susceptibles d’être homologués sur le plan européen. L’aligot divise également les entreprises aveyronnaises qui le produisent sur la notion de périmètre de production selon qu’elles sont installées sur la rive gauche ou droite du Lot.
D’où cette dernière anticipation d’André Valadier visant à terme l’AOC  Aligot (et non plus l’IGP) en plantant des pommes de terres sur l’Aubrac ? «Si le ministre Michel Barnier a gain de cause auprès des instances communautaires et si la production de pommes de terre se réinstalle chez nous, peut-être pourrions-nous envisager un positionnement autre que l’I.G.P. » a expliqué André Valadier aux coopérateurs. En clair, il s’agit de replanter des pommes de terres sur l’Aubrac pour obtenir l’AOC Laguiole. Les premiers tests sont en cours.

Quoiqu’il en soit, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Valadier. Il a son autre « bébé“ à faire naître, son parc régional d’Aubrac. Un accouchement qui lui permettrait de mettre un bon point final à cette démarche identitaire. Si tous les responsables publics étaient comme celui-là…

 

Deux questions à Gilbert Cestrières, président de la coopérative Jeune Montagne de Laguiole à partir du 30 juin 2008

A propos de l’Aligot de l’Aubrac, où en êtes-vous des plantations de pommes de terres sur l’Aubrac   ?
On a déjà commencé à faire des essais de plantation de pommes de terre à Saint-Amans des Côts cette année sur l’Aubrac, on verra cet automne. Mais évidemment, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on aura assez de pommes de terres pour l’aligot.

A propos de la “guerre de l’aligot“ concernant la demande d’IGP quels sont vos arguments ?
Contrairement à nous, les entreprises qui cherchent à tirer profit de l’aligot de l’Aubrac n’ont pas de producteurs laitiers derrière elle. Pour leur tome, elles achètent le lait ici et là, indifférentes à ses conditions de production. Pour leur tome, nos producteurs laitiers respectent, eux, un cahier des charges très strict, le même que celui de l’AOC du fromage de Laguiole qui implique un lait produit à partir vaches Simmental ou Aubrac nourries au foin ou à l’herbe sans ensilage.