Grands causses, Pays de Roquefort

Saga du viaduc : la valse à deux temps des coffreurs et des ferrailleurs

«Sur cette pierre, je bâtirai mon église…»  Dans l’évangile comme à Millau, la question des fondations est essentielle. A fortiori lorsque l’on érige un viaduc aussi haut.

A chaque grand chantier, et malgré toutes les assurances des pros du BTP, on constate que des défauts de consolidation générent des dysfonctionnements plus ou moins graves. Quand ce ne sont pas les immeubles de la rue Papillon qui s’enfoncent dans le sous-sol à Paris lors du forage du RER Eole, c’est une rame du TGV nord qui déraille à 300 km/h à Ablaincourt-Pressoir sous l’effet de l’affaissement de la voie dû, là encore, à une faille non détectée.
Croisons les doigts alors pour que le sol des causses et son calcaire karstique, pas forcément idéal pour ce genre d’ouvrages, ait été bien consolidé. Chez Eiffage on affirme avoir fait la chasse aux cavités.Et recouru à un traitement spécifique baptisé « puits marocain ».

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Sous chaque pile, on a d’abord creusé un grand trou d’une quinzaine de mètres de profondeur, pour un diamètre de cinq mètres évasé comme un pied d’éléphant. Puis on a versé le béton.
viaduc-millau-puitsmarocain2C’est sur ce puits marocain, qu’on coule ensuite une semelle (photo) de cinq mètres d’épaisseur. C’est seulement sur ce socle que l’on peut commencer à ériger la pile. Si la superficie de cette dernière atteint 200 m2 à la base, elle ne sera plus que de 30 mètres au sommet. Bien plus tard, cette semelle sera recouverte des gravats pour donner l’impression que la pile est littéralement sortie de terre…