Tout autour de Marcillac, c’est un paysage vallonné, sensuel et rougeoyant ponctué de parcelles de vignes en terrasses qui ravit la rétine. Et pourtant, le vignoble de Marcillac a fondu comme peau de chagrin. Implanté certainement dès l’époque gallo-romaine sur des coteaux aux fortes pentes (400 m), il s’est vraiment développé avec le rayonnement de l’abbaye de Conques. Durant des siècles, du fait de l’enclavement du Rouergue, la notoriété de son vin n’a pourtant pas dépassé les limites de la province d’Ancien régime.
Néanmoins, sous l’impulsion des bourgeois ruthénois, les vignes en terrasse n’ont cessé de s’étendre jusqu’à la Révolution pour atteindre une superficie de 2300 ha (contre 200 aujourd’hui- NDLR). Le développement des mines et des hauts-fourneaux à Decazeville à partir du Second Empire n’a pas ralenti le mouvement malgré le phylloxera et d’autres fléaux. Encore une particularité aveyronnaise avec ce cas unique peut-être dans l’histoire du vin où des mineurs se firent vignerons. Producteurs donc, mais surtout consommateurs.
Son vin ne titrait pas plus de 9°. Mais nombreux en consommaient jusqu’à 8 litres par jour. De quoi se donner du cœur au ventre au fond des galeries et oublier l’épée de Damoclès d’un éventuel coup de grisou.
Les calamités sont venues après la guerre. L’hiver glacial de 1956 eut raison de 80% des vignes et la fermeture des mines de Decazeville en 1960 fut un coup de grâce. C’était sans compter sur l’obstination de quelques vignerons qui refusèrent le déclin et s’engagèrent sur la voie de la qualité et de la reconnaissance en replantant des terrasses et en créant une coopérative. Et c’est cette renaissance en plein essor que l’on peut savourer aujourd’hui. Même si le millésime 2017 est désastreux avec 80% de pertes liées aux gelées tardives.
La situation du vignoble au point de rencontre de trois zones climatiques (continental, océanique, méditerranéen) crée un terroir unique qui permet au mansois de développer des arômes typés de notes sanguines et de notes poivrées évoluant vers des notes mentholées au bout de 4 à 5 ans de caves. Souvent plantées en terrasses, les vignes s’enracinent sur une couche argilo-calcaire en haut des coteaux et sur des couches de grès rouges dits “rougiers” plus bas. La fourchette d’altitude oscille de 300 à 500 m.
Le Marcillac est coloré, riche en tannins et se révèle assez doux à la dégustation surtout s’il a été égrappé. Il est réalisé principalement à partir du cépage fer servadou ( aussi appelé mansois). Depuis 2010, date de l’AOC, le fer servadou doit représenter 90 % de l’encépagement. Il peut être complété de cabernet-sauvignon, de merlot ou de prunelart. En attendant qu’un jour peut-être l’INAO autorise le menu, nom du cépage historique du marcillac.
Le marcillac en chiffres
Superficie du vignoble : 200 ha.
Cépages : Fer servadou (mansois). Il doit entrer au minimum dans 80% de l’assemblage. Et cabernet-sauvignon, merlot, prunelart.
48 vignerons dont 12 indépendants
55% de la production réalisée par la coopérative des Vignerons du Vallon
Quelques producteurs :
Domaine du Cros de Philippe Teulier –
Tél. : 05 65 72 71 77 –
Domaine des Costes Rouges
Yvan-Marie Rufié, portrait d’un petit producteur
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