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Jean-Claude Luche, un enfant d’Olt à la tête du Rouergue

En emportant, le 20 mars 2008, la présidence du Conseil général d’Aveyron, Jean-Claude Luche, 55 ans, signe un beau parcours. Cet autodidacte a ramé avant de parvenir au poste tant convoité. Ce fils d’agriculteur, natif de Pierrefiche d’Olt,  en a été le maire avant de devenir celui de Saint-Geniez d’Olt en 1995.

C’est vraiment de la “Cité des Marmots”, que cet ancien du Crédit Agricole a pris son envol politique, comme maire et conseiller général du canton. D’ailleurs ses “marmots” semblent apprécier celui qui, selon eux, n’a pas démérité pour conjurer un enclavement et un déclin qui menaçaient leur cité. Même l’un de ses opposants le reconnaît : «S’il pouvait faire autant pour l’Aveyron que ce qu’il a fait pour Saint-Geniez…» Inversement, beaucoup craignent que le nord Aveyron et précisément la vallée du lot ne soient les chouchous de sa mandature.

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Jean-Claude Luche à droite au Salon de l’Agriculture 2007 avec Jean Puech au centre ouvrant les mains.

L’homme est un bosseur né. Il a démontré un appétit peu banal dans cette chasse aux mandats et fonctions et donc aux leviers, au point de se voir surnommer «Cumuluche» dans les gazettes aveyronnaises. Tout cela s’est fait avec la bénédiction de Jean Puech, chef de la “majorité départementale“. Belle brochette en effet : maire, conseiller général, président du Comité Départemental du tourisme, président du Syndicat intercommunal d’électrification de l’Aveyron, président de la SEM 12, président du Pays du Haut Rouergue. Ce dernier poste est important puisque c’est le Pays qui reçoit et redistribue les subventions européennes, et donc malheur au maire récalcitrant… Pour respecter la loi sur le cumul des mandats, Jean-Claude Luche devra abandonner son mandat de maire, mais il existe une Communauté des communes…

Tout parcours a son lot d’impairs. Déclaré inéligible pour un an à la députation par le Conseil constitutionnel en 2003 après sa campagne aux législatives 2002 pour des comptes non transparents, il s’était également vu reprocher par Jean Puech lui-même d’avoir nommé comme directeur adjoint de la SEM 12 une personne en délicatesse avec la justice. Fameuse SEM 12 qui mériterait bien un jour un audit indépendant de ses différentes réalisations. A commencer par l’onéreux Micropolis.
Au cours de ses douze dernières années, Jean-Claude Luche a pu apprendre beaucoup de son mentor, notamment sur le verrouillage des majorités. Mais il est peu probable qu’il fera régner le même climat de tension.

Rappelons notamment que Jean Puech avait attaqué en justice un conseiller général PS qui s’était publiquement interrogé sur le bilan pour le contribuable de la Maison de l’Aveyron à Paris, avant de retirer sa plainte. Chacun en convient, ce n’est visiblement pas dans le caractère du nouveau président. «Comparé à d’autres vice-présidents du précédent Conseil Général, Jean-Claude n’a jamais été le plus agressif. » explique un conseiller général PS. En plus il a été sur les bancs de l’école avec Christian Teyssèdre -le nouveau maire PS de Rodez, NDLR-, ça apaise. Enfin, la majorité départementale n’est plus aussi imposante. Avec 21 sièges sur 46, l’opposition a de quoi s’opposer. D’autant qu’elle compte dans ses rangs de bonnes pointures sur le plan des compétences à commencer par Anne-Marie Escoffier, élue du canton de Rignac et bête noire de Jean Puech. Cette ancienne préfète de l’Aveyron a réuni 21 voix contre Jean-Claude Luche lors de l’élection du président du conseil général.

Jean-Claude Luche va devoir faire preuve d’un sens politique aiguisé. Pour remercier ceux de sa majorité qui l’ont soutenus, il a multiplié les nominations -13 vice-présidents sur 25 élus de la majorité départementale- de quoi faire mal au portefeuille du contribuable aveyronnais et mettre en contradiction sa volonté d’une présidence modeste. Mais les dossiers chauds qui devraient solliciter son courage politique ne manquent pas. A commencer par le problème des décharges sauvages. L’Aveyron va devoir se mettre en conformité avec la loi et définir des sites d’enfouissement et de traitement, ce qui n’est jamais porteur sur le plan électoral… Bon, il y a aussi la RN 88 mais depuis qu’on la promet aux Aveyronnais…Ce n’est pas Jean-Claude Luche, en charge jusqu’à présent du tourisme, de porter le chapeau.
Mais évidemment, la question que tout le monde se pose est de savoir si le nouveau président du Conseil général saura couper le cordon ombilical avec Jean Puech, ou si ce dernier, encore Sénateur, continuera à tirer certaines ficelles. C’est en fait la question du changement en Aveyron qui est posée.

Quatre questions posées à Jean-Claude Luche, nouveau président du Conseil général d’Aveyron  Lire la suite
« Jean-Puech c’est Jean Puech, et Jean-Claude Luche c’est Jean-Claude Luche !  »