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Entretien avec Chantal Jourdan, préfet de l’Aveyron

champ_from_langresLe nombre de projets de « fermes éoliennes » recensées en Aveyron a tendance à se multiplier ? Où en est-on en novembre 2004 ?
Je vois une trentaine de projets recensés. Six permis ont été refusés, cinq accordés, une dizaine sont en cours d’instruction dont quatre en instance d’enquête publique (Lavernhe-Séverac, Salles-Curan, Ayssennes-Le Truel, Canet de Salars) deux dossiers vont faire l’objet d’une demande de permis de construire, quatre projets sont en cours de préparation de décision (St Jean-Delnous, Ségur, Lapanouse de Cernon, Montrozier-Bozouls). Par ailleurs, une dizaine de projets sont à l’étude par la mission Interservice Architecture et Patrimoine.

Compte tenu de la nouveauté du sujet, est-ce que l’on ne manque pas encore de pratiques en France pour conduire les procédures d’implantation d’éoliennes ?
Même si l’éolien implique de pratiques nouvelles, il faut signaler que depuis vingt ans, les services de l’Etat se sont spécialisés à tout ce qui touche à l’environnement.
La France s’est engagée sur la voie des énergies renouvelables en ratifiant le protocole de Kyoto. Avec la directive européenne de 2001, l’engagement a été pris de faire passer la part des énergies renouvelables de 15 à 21% (hydroélectricité, solaire, éolien, biomasse). La France a le deuxième gisement éolien d’Europe derrière l’Ecosse. Ce développement de l’éolien s’appuie sur un tarif de rachat de l’électricité très attractif.
En Aveyron, mon prédécesseur avait anticipé une réflexion sur le développement de l’énergie éolienne. Cela a débouché sur un document qui n’est pas normatif mais qui doit servir d’outil d’aide à la décision. Il est en cours d’achèvement. Il détermine les secteurs favorables du département à l’énergie éolienne. Il recense également toutes les zones de contraintes qu’elles soient paysagères, environnementales, urbanistiques. Ce document devrait être rendu public dans le courant du 1er trimestre 2005.

Justement, un paysage exceptionnel peut-il être un obstacle ?
Un paysage, fut-il magnifique, ne suffit pas en lui-même à interdire l’implantation d’éolienne. En revanche, il peut y avoir des paysages exceptionnels dans des sites classés ou des éléments de patrimoine historique, comme par exemple le Larzac avec les Cités Templières et Hospitalières qui sont des secteurs à protéger justifiant le refus d’un projet mais cela n’est pas propre aux éoliennes.

Quels sont les critères d’appréciation ?
Il y a la distance minimale de 500 m vis-à-vis des habitations. La fréquentation du site par certaines faunes, la vulnérabilité de certaines espèces. Il y a aussi le nombre d’éoliennes projetées, leurs emplacements, leur taille ou leur insertion dans le paysage.

Ne craignez-vous pas que le développement de l’énergie éolienne ne déclenche, ici et là, des oppositions mal contrôlées et que cela ne débouche en fin de compte, sur un climat marqué par la défiance et la jalousie entre les citoyens, préjudiciable à la paix publique ?
Evidemment, je souhaite que la paix publique ne soit pas à ce point perturbée. Toute la place est au dialogue et il appartient aux élus et porteurs de projets d’informer pleinement les populations pour une étude sereine des projets.

Certains élus estiment que l’apport de l’éolien en termes de ressources communales permettra de compenser le désengagement de l’Etat et des services publics dans les petites communes ?
Je voudrais bien que l’on m’explique où est le désengagement de l’Etat. Pour 2003 et 2004, l’Etat n’a pas diminué les dotations, que ce soit notamment la DGE (dotation globale d’Equipement) ou la DDR (dotation de développement rural).

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