Portraits

Father Raphael

A 81 ans, il a toujours sa voix chaude et sa foi de missionnaire chevillée au corps pour tendre la main aux réprouvés de Big Apple. Pas vraiment le genre à prendre sa retraite. fatherppL’évocation de la prison new-yorkaise de Rikers Island où est emprisonné Dominique Strauss-Kahn permet de rappeler le travail de ce prêtre ouvrier millavois. Pierre Raphaël œuvre depuis près de 40 ans à New-York. Aumônier durant 10 ans à Rikers Island, il est l’auteur d’un ouvrage « Inside Rikers Island ». Father Raphaël, de la Mission de France, comme on l’appelle, continue à œuvrer dans sa Maison d’Abraham et à recevoir des détenus. Ce foyer d’insertion est destiné à offrir une alternative au séjour à Rikers Island.

«Le premier emprisonnement est un énorme traumatisme. Le poids de l’appareil judiciaire qui fait plier les prisonniers, l’hémorragie de leur vitalité au fil des jours passés en prison, mille et une histoires dans lesquelles le bruit, les cris, les frustrations sont répétées – tout cela sème la confusion et la colère » citation tirée de « Inside Rikers Island’ de Pierre Raphaël, consultable en ligne

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http://www.correctionhistory.org/html/chronicl/nycdoc/raphael/index.html

Interview donnée le 17 mai 2011

Avez vous tenté de vous mettre en rapport avec Dominique Strauss-Kahn ?
Je n’envisage pas de le voir. Je vois ce que disent les journaux et c’est tout. Il a ses relations, il ne manque pas de gens qui viennent le visiter. Je ne suis pas le seul à pouvoir entrer à Rikers Island.

 Vous continuez votre œuvre à la Mission de France avec la Maison d »Abraham ?
J’offre une alternative à l’incarcération pour des gens qui nous sont envoyés par le tribunal ou pour faciliter la transition entre la prison et la rue.
Nous disposons de douze lits. Chez nous l’ambiance est plutôt familiale. Ici les personnes passent entre un et trois ans. Depuis l’an 2000, 120 personnes environ sont passées chez nous.

Depuis les années que vous le côtoyez, l’enfer carcéral américain s’est-il un peu amélioré ?
C’est grand l’Amérique. Et notre travail, c’est une goutte d’eau. Il faut toujours se battre pour garder l’humanité des rapports. On fait ce qu’on peut. C’est un terrain ardu. Il y a des murs à faire tomber. Je vois ici et là, des groupes qui continuent de lutter pour l’humanité. Nous essayons de travailler avec des résultats qui ne se voient pas forcément à l’extérieur. La vie humaine est un grand mystère.
Et les résultats ne sont pas toujours visibles de l’extérieur.

Lire le portrait de Father Raphaël réalisé en septembre 2001