Interview de Jean Mathieu, président de la Ligue Auvergnate
« Mieux vaut une bonne renommée qu’une ceinture dorée.»
Que représente cet anniversaire des 130 ans ?
D’abord un travail de mémoire qu’il faut relancer car aujourd’hui nos jeunes sont toujours confrontés à des difficultés.
Je suis pour la continuité dans la modernité. Afin de faire perdurer cet esprit d’entraide, il faudrait peut être changer d’appellation. Plutôt que de parler d’amicalisme auvergnat, pourquoi ne pas parler de « réseau amicaliste ». Avant c’était le bouche-à-oreille. Aujourd’hui, il faut un réseau moderne qui puisse permettre aux jeunes d’avoir des liens avec les personnalités importantes de la communauté auvergnate qui pourraient leur tendre la main. Je prône la création d’un fichier en commun qui n’existe pas.
La Ligue Auvergnate n’échappe donc pas au déclin de l’amicalisme ?
Le virage est brutal. la Ligue Auvergnate a eu la gestion heureuse de la famille Bonnet. Bien avant les clubs service type Rotary club, Louis Bonnet, grâce à son intelligence, a su monter un « club service Auvergnat ». C’était une main tendue sous toutes ses formes.
On doit remercier à nos aînés car être Auvergnat c’est un bon crédit et un passeport sérieux. Surtout sur le marché de l’emploi. Comme dit le proverbe : « mieux vaut une bonne renommée qu’une ceinture dorée. »
Dans les faits, la Ligue se réduit désormais à trois départements : Aveyron, Cantal et Lozère ?
Ce sont les plus présents effectivement. Et ils font partie du plateau de l’Aubrac. C’est pour cette raison qu’on a choisi d’y souhaiter l’anniversaire. L’Aubrac devrait être labellisé Parc Naturel Régional grâce au travail de M.Valadier qui devrait présider la journée.
Percevez-vous parfois des tendances sécessionnistes de la part des Aveyronnais ?
C’est peut-être une gêne pour la Ligue Auvergnate de se sentir Rouergat plutôt qu’Auvergnat. Mais c’est logique que le cœur parle. A l’intérieur de la Ligue, il faudrait essayer de parler d’une seule voix. Ce qu’on ne fait pas suffisamment. Les liens sont toujours là, il faudrait les raffermir cela nous donnerait les forces dont nous manquons aujourd’hui.
Est-ce l’aveu d’une faiblesse ?
C’est un constat. Ca serait bien qu’on joue un peu plus ensemble. L’Aveyron a une longueur d’avance. Il faut le reconnaître.
Je ne suis président que depuis cinq ans. Il y a peut-être eu à un moment donné, un manque de coordination pour agir de concert. Cette solidarité des aînés avec les sept départements unis, c’est Louis Bonnet qui l’a créée. Il a impulsé cet élan avec tous ses compatriotes qui arrivaient des départements et qui travaillaient ensemble pour sortir de leurs difficultés. Aujourd’hui, dans l’aisance, on l’a peut-être oubliée.
Y-a-t-il des différences de comportement par exemple entre Aveyron et Cantal. Une indépendance vis-à-vis des politiques locaux, par exemple ?
On ne peut pas réécrire le passé. Chaque département a fait dans le sens qu’il souhaitait, j’ai côtoyé les politiques quand j’étais à la présidence du Cantal mais sans jamais être
Moi on m’a donné la charge de la Ligue Auvergnate que je ne souhaitais pas car j’estimais que j’avais passé l’âge. Quand j’étais président de la Fédération des amicales cantaliennes je n’ai jamais été très proche des politiques. Mais il est sûr qu’on les côtoie. J’avais créé les « Chemins du Cantal à Paris». Nous avions fait un guide pour mettre en valeur les établissements qui servaient les produits de chez nous. Il faut espérer que ça reprendra son tour.
Vous ne vous représenterez pas ?
C’est quelque chose de lourd mais de bien sympathique. Il faut donner beaucoup de son temps que je n’ai pas, car je suis président de l’Umih Grand Paris.
Il y a des gens beaucoup plus à même de reprendre le flambeau avec une vision rajeunie. Aujourd’hui, je regarde l’avenir avec un rétroviseur alors que les jeunes ont des choses à dire et à faire.
Mais il y a une force d’inertie liée au bénévolat. Et même si les jeunes veulent beaucoup s’investir, ils ont beaucoup moins de temps qu’avant. C’est pour cela que la difficulté est majeure et qu’il ne faut pas laisser tomber l’héritage que les aînés nous ont laissé. Si notre jeunesse va bien, cela rejaillit forcément au pays et tout cela ne peut-être que bénéfique.
Qui va vous remplacer ?
Ca devrait se savoir bientôt. C’est vrai que c’est un mouvement qui fait un peu peur. Car la modernité est passée par là et la convivialité ne se fait plus à table mais par internet. Voilà pourquoi, il faut un jeune doit reprendre le flambeau.