Amicales et Folklore

Interview Gérard Paloc

L’un des événements phares de la Fédération, le marché de Bercy, est victime de son succès, tous les artisans d’Aveyron veulent leur stand. Comment allez-vous vous y prendre ?
Evidemment, ils font leur meilleur chiffre d’affaires de l’année. Heureusement d’ailleurs quand on voit l’investissement publicitaire qu’on y consacre. En fait notre souci, c’est d’en faire plus qu’un marché, une véritable vitrine de l’Aveyron. Néanmoins, certains petits artisans ne peuvent pas investir les 1500 € entre le stand et le séjour, au contraire d’autres. Nous songeons donc à établir une péréquation entre les petits et les autres, afin que chacun puisse participer.

Ce marché a changé les relations entre le “Pays“ et les Aveyronnais de Paris ?
Les responsables sur place commencent à nous prendre au sérieux. Nous avons trop longtemps souffert de cette image de Parisiens qui avaient bien gagné leur vie et qui ne savaient faire que des banquets. Nous avons construit l’Oustal. Aujourd’hui, il y a le marché.
Du coup, sur place les responsables, chambres consulaires et élus notamment, commencent à prendre conscience que nous avons créé un outil qui peut être une force pour l’Aveyron. Et là, je suis à l’aise pour leur demander des subventions.

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Gérard Paloc avec Bertrand Delanoë et Jean Bernard Bros lors de l’inauguration du marché de l’Aveyron en octobre 2003

Justement, compte tenu de cette importance institutionnelle nouvelle de la Fédération, n’y a-t-il pas un risque de récupération politique. D’autant qu’en Aveyron les rivalités et les coups bas ne manquent pas entre élus ?
A Paris, nous avons plus de recul par rapport aux clivages aveyronnais. Mais, il ne faut pas être naïf. On risquerait d’être récupéré si on tirait toujours dans le même sens. Nous veillons toujours à faire tourner les présidences des journées d’été.
Cette année à Saint-Amans des Cots, ce sera Yves Censi, mais nous avons eu aussi la Secrétaire d’état au Tourisme du gouvernement Jospin Michèle Demessine (PC). Certains me l’avaient reproché et n’étaient pas venus. Au nom de quoi aurait-il fallu se priver du concours d’une personnalité politique qui avait sa maison à Estaing ?
Nous veillons également à à éviter de faire présider nos journées d’été par un politique en fin de mandat, nous ne voulons pas leur servir un marchepied. L’année prochaine, il se pourrait bien que l’on sorte du milieu politique, car il y a bien d’autres personnalités aveyronnaises qui méritent d’être mises en avant.

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qille-ppalocLe succès d’événements comme la Nuit du Rouergue et le Marché de Bercy, ne masque-t-il pas un déclin de l’amicalisme qui, selon bien des membres, devrait s’accentuer avec le retour au pays de bien des patrons de cafés ?
Nous arrivons à un virage dans l’expression de l’amicalisme. Les amicales traditionnelles qui n’ont connu que le banquet et la culture bistrot souffrent. Or, l’expression de l’amicalisme ne se limite pas aux banquets. Il suffit pour s’en convaincre de réfléchir aux évolutions de la société. A-t-on toujours envie de passer quatre heures à table. Que faire à la place ? Sans doute inventer d’autres actions pour faire parler de l’Aveyron. Ca ne sera pas facile mais j’y crois car les valeurs de l’amicalisme sont des valeurs de toujours. On assiste d’ailleurs à un phénomène similaire avec la généalogie où l’on ressent le besoin, arrivé à un certain âge, de se retourner vers ses racines. Une chose est sûre : les amicales qui innovent dans leurs actions voient leur fréquentation se maintenir et augmenter.

Il y a aussi le cercle vicieux alimenté par une générosité moindre des donateurs classiques des bistrots, en cadeaux pour les tombolas, qui alimente la désaffection aux banquets, principale source de revenus des amicales ?
Si les fournisseurs donnent moins de lots, c’est qu’ils s’y retrouvent moins. Il faut donc trouver d’autres moyens de les intéresser en leur permettant d’obtenir un bon retour sur investissement. L’amicalisme s’est bâti sur une mono-profession, bistro/brasseur, vivant en vase clos. Ces relations paternalistes d’affaires appartiennent au passé. Pourquoi croyez-vous que la maison Ricard est partenaire de la Nuit du Rouergue et de moins en moins dans les banquets ? Nous avons besoin de nos sponsors pour vivre et c’est une preuve de bonne gestion que de rechercher un retour sur investissement aux opérations.

La construction de l’Oustal a laissé des plaies parmi les amicalistes ?
L’Oustal a été construit par une SCI (Société Civile Immobilière) dans laquelle la Fédération était majoritaire. Les amicales qui ont directement investi à ce stade ont vu leur placement bloqué avec un rendement nul, au contraire de celles qui ont investi plus tard dans la SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) chargée de la gestion de l’Oustal et qui, elles perçoivent des dividendes.
Certains présidents d’amicales prétendent avoir des difficultés et veulent récupérer leur mise. Mais la SCI ne peut être liquidée – et ses parts réintégrées au capital de la SCPI- qu’une fois que le litige actuel sur l’acoustique de l’Oustal sera réglé.

Jusqu’à quand vous voyez-vous Président de la Fédération ?
J’espère que si un jour, je n’ai plus la “moëlle“, on me virera. J’aimerai bien que ce soit le fait d’ une équipe de jeunes, cela prouverait que l’on a réussi à transmettre le flambeau aux générations montantes. Mon mandat est renouvelable chaque année mais personne ne semble vouloir la place. En tout cas, que chacun se le dise, je n’ai pas d’ambitions politiques.