Terroir d'Aveyron

Le procès de l’Aveyronnais de Spanghero

Marché de Laissac

La justice est lente. Ce qui est cruel quand elle oblige à remettre le couvert six ans plus tard pour un plat qu’on aimerait oublier comme les lasagnes à la viande de cheval. Ainsi en va-t-il de ce scandale européen jugé à Paris depuis le 19 janvier. Parmi les quatre co-accusés d’escroquerie en bande organisée, le sud Aveyronnais  Jacques Poujol, directeur de fait du site de Spanghero qui aurait écoulé 750 tonnes de viande de cheval dans 13 pays européens. De quoi réaliser 4,5 millions de plats cuisinés…

Son père était fournisseur de viande de l’armée de terre pour le sud de la France. A commencer par le camp militaire  Larzac. Le fils, bosseur à l’Aveyronnaise capable d’aligner des journées de 12h  sans broncher, a développé un sens des affaires dans la viande peu commun. Il a vite fait parler de lui en reprenant un vieil abattoir de Sainte-Geneviève sur Argence sur l’Aubrac en 2002. Très vite, l’abattoir modernisé – avec beaucoup de subventions publiques- tourne à plein produisant à la chaîne du steak haché pour Charal.  Sur le marché de Laissac, à l’époque 2ème marché aux bestiaux de France, Jacques Poujol est l’un des principaux acheteurs. 
Jacques Poujol revend l’abattoir de Sainte-Geneviève à Arcadie, filiale de la coopérative basque Lur Berri. Cette dernière fait alors appel à ses services en tant que « consultant » pour son site Spanghero. Jacques Poujol fait exploser le chiffre d’affaires de l’usine. Il est à l’époque très apprécié sur place pour avoir fait grimper les primes des salariés.  
Depuis, malgré ses déboires judiciaires et quatre mois de détention provisoire, son expertise en matière d’abattoirs l’a conduit à reprendre et à moderniser l’ancien abattoir municipal de Saint-Affrique en 2016. La direction de l’établissement avait été confiée un temps à Patrice Monguillon, également mis en examen dans l’affaire Spanghero et vieille relation de travail de Jacques Poujol. 
Les juges seront-ils sensibles aux arguments de la défense expliquant que l’Aveyronnais ne serait qu’un bouc émissaire ? Et donc qu’il aurait été abusé par le trader néerlandais Johannes Fasen à la réputation sulfureuse de longue date. Car ce dernier avait déjà été condamné à de la prison quand Jacques Poujol avait commencé à travailler avec lui…  
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