Histoire et culture

Ernest et ses menhirs aux petits seins…

«On dépierrait au tracteur et on essayait de faire sauter un talus autour d’un arbre mort et puis on a rencontré ces deux gros « cailloux », bien arrondis. Quand j’ai vu les raies qu’il y avait dessus, je me suis dit qu’on n’avait jamais pu faire ça avec la charrue. J’ai gratté et alors…»

C’est ainsi qu’Ernest Cambon, paysan aveyronnais du Rougier de Camarès, raconte sa découverte en mars 2005. Deux magnifiques statues Menhirs, des statues de femmes, des divinités ou des symboles de fertilité bien dans le style de ces petits menhirs dont l’Aveyron regorge et dont le musée Fenaille de Rodez expose de beaux spécimens.
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Ernest vous montre les yeux, la bouche, les mains et les jambes et puis rigolard, les tout petits seins. «Ils devaient être bien petits à l’époque» explique ce jeune paysan aveyronnais d’à peine 80 printemps avec un clin d’œil malicieux de celui qui a su apprécier la palette infinie des charmes de la gent féminine. En tout cas, on est peut-être très loin des doctes commentaires des spécialistes du chalcolithique mais dieu que c’est rafraîchissant !

La découverte d’Ernest n’est peut-être pas celle de Lascaux et ses statues ne sont pas les premières trouvées dans le sous-sol rouergat mais on ne peut manquer de saluer ce coup du hasard. Celui qui fait se rencontrer un vrai paysan aveyronnais en train de dépierrer son champ –comme tous ses confrères depuis des siècles – avec un des beaux témoignages sculptés par d’autres de ses confrères voilà près de 5000 ans.

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Ernest en vrai paysan aveyronnais est dans le genre dur à la tâche. Tel Sisyphe et son rocher, il ne cesse de travailler à sa terre. Il a tout connu : le fauchage à la main, la traction animale et la perfidie des vaches, quand l’une domine l’autre et lui fait tout porter, malgré le bat, au point que cette dernière meurt d’épuisement couchée dans le sillon. Ou encore la foire à la brebis de Camarès chaque 18 du mois, où il menait à pieds ses brebis, (bien moins nombreuses qu’aujourd’hui). Et puis il y eut le tracteur. «Le premier, c’était un Mac Cormick.» Une révolution, même si les tracteurs ne lui ont pas toujours laissé que de bons souvenirs. Par exemple lorsqu’il s’est retourné avec l’un deux et qu’il s’est retrouvé avec la branche d’une fourche lui traversant le bras. Pas rancunier, Ernest vous assure que les Quads -aujourd’hui très utilisés par les bergers- ont beaucoup plus tendance à se renverser que ses vieux tracteurs. Mais comme il a promis de ne plus monter sur un tracteur…il ne peut pas nous le démontrer. Ouf !