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Claude Chégut : Spectaculaire banquier aveyronnais

Cet ancien directeur de la Caisse régionale de l’Aveyron du Crédit Agricole, a été sans doute l’un des banquiers les plus audacieux -et grande gueule- des années 60, 70 et 80. Il sort un livre en forme de plaidoyer.

L’histoire offre de belles coïncidences. La caisse régionale Quercy Rouergue du Crédit Agricole s’apprête à fusionner avec sa voisine Sud Alliance. En juin 2004, une nouvelle caisse régionale le «Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées » regroupant les agences du Lot, de l’Aveyron, du Tarn et du Tarn-et-Garonne, va voir le jour.

Or voilà que parait un livre d’entretiens avec celui qui fut directeur de la Caisse régionale d’Aveyron de 1958 à 1986.
Ce franc-tireur au franc parler a arpenté les pays d’Aveyron dans tous les sens pour amener le crédit à tous les agriculteurs du Rouergue. Ce fut surtout un banquier peu conventionnel. Un “banquier spectaculaire“ qui a créé, en son temps, une compagnie d’aviation, Air Rouergue, une filiale d’informatique bancaire, Inforsud, une filiale parisienne pour récolter les recettes des tabacs et bistrots rouergats de la Capitale, la Caseg.
En Rouergue, ça ruait dans les brancards. Les relations avec les responsables du Conseil Général et ceux du Crédit Agricole sentaient le gaz.

La réputation de Claude Chégut a fini par atteindre la capitale lorsqu’il a contré Perrier dans sa tentative de rachat de Roquefort Société. Tout simplement en rachetant en douce les actions avec les fonds du Crédit Agricole d’Aveyron sans en toucher mot à ses supérieurs, cela pour que la pâte persillée reste au pays et que les éleveurs de brebis Lacaune continuent d’être –un peu ?- maîtres de leur destin.
Aujourd’hui, Claude Chégut avoue dans son livre avoir menti et avoir fait fi de la voie hiérarchique. Mais à tout prendre et avec le recul, il aurait peut-être mieux fallu pour la France et ses contribuables “plus de Chégut et moins d’Haberer*” durant la décennie 80…
En 1986, cet homme, à l’ego surdimensionné et volontiers polémiste, aux dires de certains observateurs qui l’ont bien connu, a payé l’ardoise de ses audaces.

*Jean-Yves Habérer, président du Crédit Lyonnais entre 1988 et 1992, dont les acquisitions et autres développements sans contrôle des autorités de tutelle ont coûté aux contribuables français plus de 15 milliards d’Euros.