Livres

Claude Chégut : Spectaculaire banquier aveyronnais

Claude Chégut publie “Allez savoir…“. Une formule un peu vaine, pour un ouvrage publié avec le soutien de la Société Centrale d’Agriculture de l’Aveyron. Son livre n’évite pas le plaidoyer pro-domo «J’ai attendu plus de 15 ans pour l’écrire » Il y a des comptes qui se règlent. Le lecteur de moins de quarante ans -non initié aux arcanes et à l’histoire proche aveyronnaise- ne comprendra pas tout et devra aller au-delà de ce témoignage pour se forger une idée. Car le reproche que l’on peut faire à Claude Chégut est d’ouvrir des boîtes de Pandore sans être tout à fait explicite –où il en dit trop ou pas assez- notamment lorsqu’il aborde ses démêlés avec le Conseil général ou ses détracteurs. Ou par exemple lorsqu’il emploie des formules comme “politique de chien crevé au fil de l’eau”. Autre reproche, son refus –presque borné- du concept de la malbouffe comme une réaction pourtant saine de l’opinion à certaines dérives. Pour lui, le fait d’avoir eu faim pendant l’Occupation justifie sans nuances le productivisme. Il est vrai qu’il a participé à ce mouvement lorsqu’il finançait à tour de bras l’équipement des agriculteurs.

Pour le reste sur le plan économique pur, Claude Chégut peut se prévaloir d’un bilan flatteur. “J’ai créé 2000 emplois directs en Aveyron, je pense que beaucoup qui m’ont critiqué ne peuvent en dire autant.“. Evidemment, à l’heure du vieillissement et de la fuite des jeunes Aveyronnais vers d’autres cieux que ceux du Rouergue, l’argument porte.

INTERVIEW

Pourquoi un tel livre ?
“Mon livre est celui d’un témoignage vécu, je crois que cela a plus de valeur que certains livres de commande consacrés à l’agriculture aveyronnaise que l’on a pu voir éditer récemment.»

Votre vision de l’Aveyron et des Aveyronnais ?
«L’Aveyron est un pays de montagne, et donc de travailleurs économes. Ici on ne jette pas l’argent par les fenêtres. S’il est méfiant au départ, l’Aveyronnais est fidèle. Mais tout cela explique que l’on a du mal à lui apporter des idées nouvelles. Car même, s’il semble dire oui au départ, une demi-heure plus tard, il a déjà fermé la fenêtre à la nouveauté. Cette culture d’enclavement, on la doit aux Capétiens qui ont tout centralisé sur Paris. Il y a 400 ans, il y avait proportionnellement beaucoup plus de communications entre le Rouergue et l’extérieur. Il y a également cette révérence excessive vis-à-vis des notables. Car à l’origine, l’Aveyron était un pays pauvre.
De ce fait, il y avait une révérence vis-à-vis des puissants auprès desquels on venait chercher protection. »

Et comment voyez vous l’avenir de l’économie en Aveyron ?
Les jeunes qui sortent des écoles de gestion d’aujourd’hui, sont sans doute plus compétents que nous l’étions, mais ils n’ont plus aucun enracinement. Ils veulent gagner plus et n’ont pas de raisons de s’attacher au pays, ils ont des réactions d’apparatchiks. Cela est un peu inquiétant.