Extraits du livre de Christian Lemasson sur Le Couteau de Laguiole
-juin 2010-
L’Age d’Or du Laguiole
«Aujourd’hui seuls un marchand de légumes, un libraire et un petit café animent le bout de la rue. À l’époque, rue du Valat, l’animation était permanente et la rue bien vivante. Dans les quatre principaux ateliers de coutellerie (Glaize, Calmels, Mas, Pagès) résonnaient les marteaux sur les enclumes pour forger les lames, sonnaient les coups de marteaux aux établis des monteurs et crissaient les râpes sur la corne. Une photo prise dans les an- nées 1885 illustre bien l’animation de la rue du Valat. Pour être agréable au photographe tout le petit peuple d’artisans de la rue est sorti chacun devant son échoppe. Au premier plan de la photo, on reconnaît à gauche le coutelier Pierre Calmels, le fils de Pierre Jean Calmels avec un de ses enfants dans les bras. »
«Entre 1870 et 1880 de nouveaux modèles de couteaux apparaîtront, ils seront le résultat de l’émulation naissante entre les différents couteliers de Laguiole qui font valoir leur talent à l’extérieur dans les concours. Une clientèle plus fortunée s’offre à la profession. À Paris, les Aveyronnais sont devenus les patrons des bistrots et des brasse- ries, ils achètent de plus beaux couteaux quand ils reviennent pour un court séjour au pays. Les riches propriétaires terriens de l’Aubrac font de même. Dès 1870 de grands couteaux à cran d’arrêt avec une mouche à anneau sont fabriqués à Laguiole. Leurs manches peuvent mesurer jusqu’à une trentaine de centi- mètres. Très rapidement les couteliers de Laguiole achète- ront pour réaliser des couteaux avec des lames encore plus longues, de la fourniture à Châtellerault. Ces lames « brut de forge » seront forgées par des forgerons indépendants tra- vaillant pour la Manufacture d’Armes de Châtellerault. Cha- tellerault livrera donc aux couteliers Calmels, Mas et Pagès des grandes lames forgées non trempées ni marquées, des ressorts et des platines brutes.»
«Les couteliers de Laguiole marqueront et tremperont lames et ressorts, façonneront l’ivoire, tout le montage et la finition de ces grands couteaux venant de Chatellerault seront faits à Laguiole. L’achat de ces couteaux par une clientèle plus fortunée sera destiné à faire des cadeaux. Dans les familles aveyronnaises, quand le futur gendre était accepté dans sa nouvelle famille, en signe de bienvenue, le beau-père offrait aux fiancés un de ces grands couteaux dit « couteau de mariage », il rejoignait la vitrine dans le nouveau foyer et n’en était sorti qu’à l’occasion de dîners de fêtes. Il servira à dé- couper le gigot ou la dinde.»
Christian Lemasson et l’Histoire du Couteau de Laguiole
Histoire du Couteau de Laguiole,
Prix :35€
Editions de la Montmarie
63600 CHAMPETIERES
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