Histoire et culture

L’Histoire des bourrées parisiennes.

« Une valse à trois temps » … chantait Brel. Comme danse à trois temps, on ne fait pas mieux que la bourrée. Voilà une danse qui plonge aux racines de l’occident. On en trouve trace dans la Grèce antique, la Bulgarie, l’Espagne et même selon certains dans le Maghreb. Les figures sont diverses, mais se retrouvent à des milliers de kilomètres.

En France, c’est sous la Renaissance que la bourrée, un moment menacée d’excommunication, acquiert ses lettres de noblesse. Des Clermontois la dansent devant François 1er. Quant à la sulfureuse Margot, reine de France et première épouse d’Henri IV aux appétits sexuels sans limites, elle ne s’en lasse pas, dit-on. La vogue ne faiblit pas sous Louis XIV où la vielle (ci-dessus) est fort prisée.

A la fin du XIXe siècle, la bourrée suit les immigrés de l’Aubrac et d’Auvergne dans la Capitale. Autour de la Bastille, ça chauffe dans les arrières salles des cafés-charbons de la rue de Lappe. (ci-dessus un bal auvergnat, bibliothèque des arts décoratifs).

folkbougnat

Les cabrettes bougnates rivalisent avec les accordéons italiens, autres émigrés. Tout cela se finit parfois à coup de laguiole pour les beaux yeux d’une belle de Thérondels ou de Saint-Côme d’Olt. Jusqu’au jour de 1906, où l’armistice puis la paix sont proclamés entre la cabrette et de l’accordéon, sous l’influence de patrons de cafés bien avisés qui préfèrent voir couler la bière que le sang. Sans le savoir, ils viennent de lancer le musette…

La Bourrée contre le fox-trot…

Pour autant la bourrée auvergnate ne va pas se diluer dans le musette. Elle est élément identitaire fort qu’il convient d’encourager dans une époque chamboulée par les ravages de guerre de 14, celle des Années Folles. Ainsi la Solidarité Aveyronnaise du docteur Ayrignac est la première en 1922 a poussé les jeunes Rouergats de Paris dans les bras du folklore avec la création de groupes folklorique. Pas question de les laisser succomber aux rythmes syncopés des fox-trot et autres charleston…Le salut des âmes est dans le folklore. Et puis quelle meilleure façon d’animer un banquet d’amicale. La Ligue Auvergnate lui emboîtera le pas en lançant « la Bourrée» en 1925. Elle sera animée par le compositeur Joseph Cantaloube. La Bourrée de Paris en est la descendante. D’autres suivront, au fil des ans, mais la Ligue Auvergnate n’aura de cesse canaliser toutes les initiatives des groupes de folklore.

Question bourrée, à Paris comme au Pays on est servi.

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