Economie et Politique

La disgrâce du diesel assombrit l’avenir de l’usine Bosch de Rodez

Le paradoxe est frappant. Dans l’Aveyron, synonyme de verdure et de bon air, le déclin du diesel inquiète … Particulièrement sur l’oppidum ruthénois. Et pour cause, l’usine Bosch de Rodez est un « poumon industriel » régional avec 1600 emplois directs et un site dédié exclusivement aux équipements pour moteurs diesels.

Ainsi, l’annonce de la mise au chômage partiel de 600 ouvriers le 20 mars dernier à la suite d’une baisse des commandes inattendue de Renault a jeté un froid.

Car pour Rodez, il se pourrait bien que le mouvement ne soit pas conjoncturel mais structurel. En mars pour la première fois, il s’est vendu en France davantage de véhicules essence que diesel. La part de marché des motorisations diesel est en effet tombée à 47%. Elle était de 73% en 2012.

Spécialisée dans les composants comme les buses d’injection, injecteurs common rail et autres bougies de préchauffage, l’usine d’Onet-le-Château- la plus importante de Bosch sur l’Hexagone- a connu un « âge d’or » qui semble sur le point de s’achever.

Au-delà du débat sur la fin de la fiscalité favorable pour le gasoil, le « Dieselgate » de Volkswagen suivi par les soupçons de tromperie qui pèsent sur Renault jettent un discrédit sur une partie de la filière. Car les mensonges ne sont pas seulement économiques mais touchent à la santé publique et donc en l’occurence peuvent faire l’effet d’une bombe à fragmentation lente …

Et dans ce débat, les équipementiers comme Bosch sont malgré eux en première ligne. Comment reconvertit-on une usine ultra-moderne entièrement dédiée au diesel et qui a profité d’une enveloppe de 50 millions d’€ d’investissements ces dernières années ? Le groupe allemand en avait fait l’incarnation de « l’usine 4.0 ».

L’avenir du site est dans les mains des dirigeants du conglomérat industriel allemand qui ont lancé des pistes de réflexion (lire interview). Bosch  vient d’inaugurer un immeuble à Saint-Ouen dédié à la R&D. Le signe, assure-t-on d’une remise en cause totale des façons de faire, notamment par la mise à bas d’un fonctionnement hiérarchique pyramidal … Croisons les doigts pour que cette réorganisation permette de trouver des solutions pérennes pour le site industriel Aveyronnais…

Interview d’Olivier Pasquesoone, Directeur de l’usine Bosch de Rodez.

« Nous sommes prêts à nous battre pour le diesel.»

Si le retournement de conjoncture en faveur des moteurs à essence venait à s’amplifier, quelles sont les hypothèses de travail de Bosch pour l’avenir du site de Rodez ? 

Nous avons constitué un groupe pour analyser les évolutions du marché et leur impact sur nos fabrications. Il s’agit aussi d’identifier quelles sont nos compétences, mais aussi d’évaluer des nouveaux produits et de nouvelles activités pour le site.

Des activités en lien avec des moteurs hybrides ou électriques ?

C’est beaucoup trop tôt pour le dire. Nous n’avons aucun projet avancé dans ce sens mais nous sommes dans une démarche de réflexion et d’opportunité avec le groupe Bosch.

Quelles seront les conséquences en termes d’emplois de cette nouvelle donne ?

Nous conduisons une phase de réflexion qui ne fait que commencer. On ne s’attend pas un arrêt brutal du diesel mais on sait qu’on a une décroissance à gérer.

Si l’affaire dite du « Dieselgate » de Volkswagen avait éclaté il y a quelques années, Bosch aurait-il investi autant sur le site de Rodez ? 

Difficile à dire. Depuis deux ans, nous payons la crise du « Dieselgate ». Ce que nous attendons ce sont les nouvelles normes d’émission mais également celles concernant les tests sur les émissions pour les véhicules qui doivent rentrer en service d’ici la fin de l’année. Cela nous permettra d’être un peu plus factuel qu’on ne l’est actuellement quand on aborde le diesel. Aujourd’hui, on a l’impression qu’on veut tuer le diesel or il a quelques avantages. Nous sommes prêts à nous battre pour le diesel.