Agriculture

Les 20 ans du Veau d’Aveyron et du Ségala

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Ce beau label rouge qu’est le Veau d’Aveyron et du Ségala fête ses 20 ans. L’interprofession n’a pas manqué de communiquer sur cette réussite qui fait vivre 650 fermes du Ségala pour une production annuelle d’environ 30 000 veaux. Mais derrière le scintillement des bougies d’anniversaire, ce Veau d’Aveyron et du Ségala est confronté à de sérieux défis dans un proche avenir que l’interprofession, l’Irva, va devoir relever.

Disons que ce veau illustre bien les défis auxquels est confrontée l’agriculture française. Que ce soit dans ses rapports avec la distribution, l’approvisionnement en protéines non OGM, ou encore les définitions des cahiers des charges des labels.

Le risque hégémonique de la principale filière…

L’IRVA est organisée en filières d’éleveurs/abatteurs/distributeurs et la principale, la SA4R (12 000 veaux) a permis au Veau d’Aveyron et de Ségala d’accéder à la notoriété grâce aux actions de promotion conduites dans les hypers Auchan. Réciproquement Auchan a pu afficher une étiquette terroir et se lier à l’image porteuse de l’Aveyron par exemple au SIA. Mais au fil des ans, le nombre d’éleveurs liés à la SA4R a baissé de 425 à 325. Des reproches sur la non transparence notamment sur le plan financier et surtout les craintes d’hégémonie sur toute la filière par la SA4R ont abouti à la mise en minorité de son directeur, Pierre Bastide, lors du Conseil d’administration de juin 2013. «Nous nous sommes retrouvés confronté au risque d’une dérive capitaliste, et d’une main-mise sur toute la filière par un homme (Pierre Bastide – NDLR) or nous souhaitons continuer de privilégier le collectif » explique Patrick Mouysset, président de l’Irva. L’homme précise qu’Auchan n’y est pour rien mais qu’il s’agit d’abord d’une histoire d’hommes. «Pierre Bastide, est encore au conseil d’administration, on verra ces prochains mois s’il revient dans le droit chemin. » poursuit Patrick Mouysset.
De fait, il s’agit aujourd’hui pour l’IRVA de rechercher de nouveaux débouchés notamment du côté des bistrots aveyronnais de la capitale. «Mais le plus dur est de faire sortir de la tête des patrons et des Parisiens que le veau c’est forcément blanc…» explique le patron de l’IRVA. Car le Veau d’Aveyron et du Ségala est rose du fait de son alimentation complémentée par les céréales et des protéines.

Comment garantir une alimentation des bêtes sans OGM ?

Autre caillou sous le sabot du Veau d’Aveyron et du Ségala, l’OGM. Ce veau bénéficie d’un apport en céréales et en protéines (colza et soja). Difficile pour ces dernières de garantir l’absence de traces d’OGM explique-t-on à l’IRVA. «Nous avons demandé à tous nos producteurs d’aliments de s’engager à ne pas utiliser d’OGM. Notre prestataire Qualisud assure le contrôle. Mais les bateaux qui transportent le soja d’Amérique du Sud transportent indifféremment du soja OGM et sans OGM. Du coup, il y a toujours des traces. Tant que ce problème ne sera pas réglé nous n’inscrirons pas (la garantie sans OGM) dans le cahier des charges car nous ne pouvons l’assurer. »

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Certes, mais là encore, comme d’autres productions française sous signe de qualité qui mettent avant leurs origines, on peut avoir du mal à comprendre que ce veau aveyronnais dépende du soja brésilien ou argentin récolté sur des terres dont ont été expropriés les petits cultivateurs. Sans parler du bilan en CO2. D’où la réflexion engagée par l’IRVA de mettre en place une filière d’approvisionnement uniquement d’origine du Sud-Ouest. Seulement voilà, les céréaliers de la région ne sont peut-être pas prêt à renoncer aux bons prix de marché du blé pour passer au soja ou au colza. Mettre en place un approvisionnement d’origine régionale est l’un des défis auxquels devrait s’attaquer l’IRVA dans les prochains mois. Des pistes similaires consistant à acheter des centaines d’hectares dans le Gers avaient été abordées par Pierre Bastide dans le cadre de la SA4R, mais le montage capitalistique et l’absence contrôle des éleveurs de l’Irva leur ont fait repousser le projet.