Agriculture

La méthode traditionnelle, le fanage, une science

Faire du bon foin est une science.  La méthode traditionnelle ou fanage, réclame au moins quatre jours de plein soleil pour le séchage.  On comprend qu’il faille prier le ciel. Le fourrage ne doit pas avoir plus de 15 à 18% d’humidité. Il faut savoir sentir le fond de l’air, ramasser une poignée d’herbe et la casser pour mesurer son humidité avant de la rentrer. Car un foin encore top humide peut causer pourrissement, voire un incendie de grange.

Madame de Sévigné décrit ainsi le fanage dans une lettre datée de juillet 1671 adressée à M.de Coulanges :

« Savez-vous ce que c’est que faner ? Il faut que je vous l’explique. Faner est la plus jolie chose du monde, c’est retourner du foin en batifolant dans une prairie ; dès qu’on en sait tant, on sait faner. Tous mes gens y allèrent gaiement ».

Mme de Sévigné

Las, notre plus grande épistolière demeure d’une naïveté désarmante.


Car rien n’est plus difficile que le foin et notamment de trouver le bon compromis de séchage entre la tige toujours trop verte et la feuille qu’il faut garder pour lui donner de l’appétence.
Cela requiert du paysan expérience et compétence s’il ne veut pas rendre malade ses bêtes durant l’hiver ou se retrouver démuni de fourrage. A ce propos on pourra rappeler le sens de cette locution populaire :

« Quand il n’y plus de foin dans les rateliers, plus d’argent dans le ménage.”

proverbe populaire

Si les méthodes modernes, (ensilage, enrubanage) ont réduit la vulnérabilité face au temps, l’orage qui tombe sur les foins non rentrés et qui fait perdre la feuille et donc la richesse du fourrage reste toujours craint.

Aujourd’hui, parfois sous l’insistance des industries agroalimentaires, peu à peu les éleveurs investissent dans le séchage en grange. Plutôt coûteux, car il faut de la place, des ventilateurs et des brûleurs, lorsque l’air est top humide. Certains, travaillant pour Roquefort, ont du mal à comprendre, qu’ils soient financièrement pénalisés lorsqu’ils comparent leur sort à ceux qui font de l’ensilage, car le lait des brebis élevé au foin est en général moins riche en matière grasse.

Sommaire du dossier

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