Amicales et Folklore

Mars 2007, l’Aveyronnaise au Sénat se penche sur la dette française

Ebranlé. C’est ainsi que l’on ressort souvent des réunions de l’Aveyronnaise. Car l’amicale des VIP rouergats reçoit périodiquement des compatriotes éminents qui se livrent à des analyses en profondeur des pathologies françaises. Immanquablement, on songe que l’avenir de nos enfants qui ne se teinte pas de rose…

Daniel Lallier, Aveyronnais et Inspecteur général des finances n’a pas manqué de pousser à la réflexion quand il a abordé le sujet de la dette, le 16 mars 2007 au Sénat. En guise de mise en bouche, il a égrainé quelques amuse-gueules souvent servis mais qu’il est pas inutile de rappeler :
Une dette de 41 000 euros par ménage français,
Une dette passée de 200 milliards d’€ en 1980 à 1138 milliards en 2006. Avec un emballement dans les années 90 «En 1991, le poids de la dette par rapport au PIB était encore de 36%, il était de 58%, en 1997».
En plat de résistance, Daniel Lallier a décrit les intérêts absorbant 40 milliards d’€/an, soit 70% de l’impôt sur le revenu, deux fois le budget de la recherche et de l’enseignement supérieur sur lequel un pays bâtit son avenir.
Or, depuis 1986, les privatisations, la vente des bijoux de la famille France, ont rapporté 87 milliards. Mais voilà, il y a eu aussi quelques “recapitalisations“, à commencer par celle du Crédit Lyonnais, ce gigantesque scandale de l’élite technocratique française. Evidemment, creuser l’endettement pour aider à travailler moins dans le cadre des 35 heures n’a été que la cerise sur le gâteau.
En dessert, le chef Lallier nous a servi une belle description du vice pathologique des politiques français : celui de recourir à l’endettement, non pour financer la croissance mais pour creuser le déficit en finançant des dépenses de fonctionnement de l’Etat, de la santé du chômage “La dette a évité de se poser la question sur le niveau de la dépense publique et son utilité. “ Ainsi, de 1982 à 2003, les effectifs de l’Etat ont augmenté de 300 000 agents.
Enfin, en guise de digestif, il nous a tracé quelques perspectives bien peu réjouissantes avec la diminution de la population active et la réduction des heures travaillées, et donc un taux de croissance pourrait passer à 1,5%/an au lieu de 2%. Et pour finir un petit coup de projecteur sur 2050, avec un rapport de 0,7 actif/pour un retraité avec un déficit du système des retraites qui pourrait atteindre 112 milliards d’Euros.

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Sur le coup, la prise de conscience était difficile sous les ors des Salons de Boffrand du Sénat. Ce palais Médicis demeure un symbole de la république dispendieuse avec son musée, sa chaîne de TV et ses journalistes, ses chocolats à son effigie, et surtout ses sénateurs indéboulonnable… A la réflexion, on se disait qu’il en allait sans doute ainsi dans les salons des Lumières vers les années 1785, quand on abordait la dette du royaume où son incapacité à se réformer…

Comment nos ancêtres auraient pu imaginer que cette aventure se finirait par des paniers remplis de têtes sanguinolentes. Nos sénateurs à l’abri de leurs lourdes portes censées les protéger des emballements populaires doivent sans doute être dans le même état d’esprit.

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Charité Bien ordonnée…
Dans cette soirée de l’Aveyronnaise placée sous le signe de la dette, Jean Puech, Sénateur de l’Aveyron depuis plus de trente ans, n’a pas manqué de se distinguer. Lui aussi a essayé d’y aller de sa démonstration chiffrée… en se trompant -un peu- sur le montant des intérêts de la dette française à trouver chaque nuit qui s’élèverait selon lui à la moitié d’un viaduc de Millau à payer, soit 200 millions d’€. A ce prix-la, cela ferait des intérêts de 146 milliards d’euros/an…on n’en est pas encore là.
Poursuivant sur cette veine, le Sénateur en a profité pour dire tout le bien qu’il pensait du Canada à la suite d’un voyage qu’il y avait fait. Ce pays a entrepris une sacrée réforme de ses finances publiques. Durant ce voyage, a-t-il raconté on ne lui a proposé qu’un bloc de papier et il dut aller déjeuner à l’extérieur à ses frais (ou plutôt aux nôtres). «Ce n’est pas comme en France avec tous ses banquets qu’on offre à chaque délégation…»
Charité bien ordonnée commence par soi-même. On peut parler du bloc de papier canadien mais depuis des années, en Aveyron, (comme d’ailleurs partout en France), nos élus continuent se conduisent en émirs, sauf qu’il n’y a pas de manne pétrolière mais une dette à payer par nous, humbles citoyens.

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senatNos élus ont perdu le sens des réalités. Cela saute aux yeux quel que soit l’angle d’approche de leur statut. Qu’il s’agisse de leurs rémunérations des élus locaux qui se sont envolées ces dernières années, du cumul des mandats électifs et autres fonctions rémunératrices, de l’impossibilité à pouvoir juger leurs actions sur des bases fiables et vérifiables à l’instar des entreprises bien obligées de publier leurs comptes.
En Aveyron, on ne reviendra pas sur les échecs de Micropolis, les dépenses somptuaires d’une Maison départementale à Paris, des campagnes de com et de pub aux résultats aléatoires. Le système est tellement bien cadenassé qu’il est peu probable que cela change après le 6 mai 2007. Et pourtant, l’exemple vient du haut…Mais qui dans les petites cours qui entourent nos barons aura le courage de dire une fois que le « Roi est Nu ».